Dead Obies
DEAD.
- Bonsound
- 2019
- 41 minutes
Dead Obies a connu des dernières années mouvementées. Après le succès de Montréal $ud, le groupe a commencé à écumer la province pour dispenser son rap dynamique. Puis, Gesamtkunstwerk est arrivé après avoir été enregistré devant public avec un groupe de musiciens à l’appui. Avec sa facture plus pop, on sentait que la formation changeait un peu sa direction musicale. Dans le détour, ils ont aussi perdu une bourse de Musicaction en raison de la trop forte teneur en langue anglaise dans leur texte. Le chemin vers leur troisième record a été peuplé des projets de membres individuels. Brown pour Snail Kid et l’album solo de Joe Rocca. Mais surtout, c’est le départ de Yes Mccan qui a le plus marqué l’esprit. Le groupe devenait une formation à 4 MCs et un DJ.
Une des questions qu’on pouvait se poser avant d’écouter DEAD. est si une différence allait se faire sentir sans l’apport de Yes Mccan qui signait de nombreux vers. En toute honnêteté, on ne remarque pas du tout le changement. Dead Obies revient à quelque chose d’un peu plus rap que son précédent, moins conceptuel et plus orienté vers la pièce individuelle. Sur DEAD., on retrouve beaucoup de chansons mélodieuses qui possèdent leur propre couleur bien établie. De plus, leurs textes sont moins tournés vers de la vantardise de leur vie supra-ultra cool. On entre dans un univers un peu plus introspectif comme le démontre habilement High.
Si un des membres brille plus qu’à l’habitude c’est Ogee Rodman (O.G. Bear) qu’on retrouve autant au chant qu’au rap. Run Away, sans conteste l’une des meilleures chansons de l’album. On y ressent de la nostalgie et de la tristesse face à des relations amoureuses qui ne sont pas toujours idéales. Finalement, on se rend compte qu’en arrière de leur look plus cool que cool, les Obies, c’est des gros romantiques. Dans les autres pièces qui frappent avec une mélodie irrésistible, Doo Wop fait aussi belle figure. Un clin d’œil à Lauren Hill qui est tourné vers la chaleur des frottements sur la piste de danse. Ils sont romantiques, mais ils ont encore envie de séduire, les garçons.
Les Obies se permettent d’aller dans des territoires moins pop sur DEAD. André avec ses sonorités hyper distorsionnées à la Kanye West circa Yeezus est bien intéressante. Surtout on remarque à quel point VNCE s’est donné le droit d’essayer des affaires plus bizarres. Avec les cris d’une jeune femme qui n’est visiblement pas contente, ça propose une couleur qu’on a rarement vue chez le groupe. Le compositeur DJ ose souvent sur DEAD. et s’en sort toujours bien. L’audace lui va bien. Royautés n’est peut-être pas une pique à Yes Mccan, mais ça disons qu’entre les lignes, on sent que c’est important de ne pas trahir la troupe. Voyez-y les sous-entendus que vous voulez. C’est au final une bonne pièce qui a l’air un peu d’un clin d’œil à Alaclair Ensemble sur La Famille.
Dead Obies accouche d’un autre album réussi. C’est difficile de leur reprocher quelque chose. Ils s’inspirent des tendances américaines sans non plus complètement s’oublier. Le groupe fait le pont entre les US et le Québec. Et surtout, on sent tout le travail honnête et appliqué qu’il y a derrière DEAD. Il n’est pas ici question d’accident ou de rouler des dés. Dead Obies fait un pari, celui de s’assumer totalement. Et ça marche.