Critiques

Dead Obies

Montréal $ud

  • Bonsound
  • 2013
  • 80 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Dead-Obies_Montreal-SudSi vous ne connaissez pas Dead Obies encore, dites-vous que si vous étiez d’accord avec Christian Rioux alors qu’il critiquait Radio Radio pour son chiac, vous allez les détester. Si par contre, vous n’êtes pas un bourgeois borné et que vous appréciez le hip-hop, vous allez adorer. Dead Obies avait terminé deuxième aux Francouvertes et voilà leur premier opus (sous l’étiquette Bonsound) titré Montréal $ud.

D’abord, il faut préciser que le Montréal $ud auquel Dead Obies fait référence est la banlieue de Longueuil qui était anciennement un quartier ouvrier. N’en déplaise aux orthodoxes de la langue, Dead Obies rap le franglais qu’on retrouve dans les rues de Montréal. Leur aisance à construire des rimes dans cette langue sans frontières claires est ahurissante dont un des plus savoureux mélanges est sans doute ce «Work pour un p’tit pain» dans In America. Ceux-ci ont appliqué à la lettre la raison d’être du rap: traduire la vie des gens ordinaires (souvent pauvres) dans leur langue, celle qui se parle dans la rue.

Ce qui a fait la renommée de la formation est définitivement ses prestations énergiques sur scène. Heureusement, on retrouve cette fougue en partie sur certaines pièces de la galette. Tony Hawk qui clôt l’album constitue un très bon exemple. On peut en dire tout autant de Trafic qui ouvre ce Montréal $ud sur des extraits de voix tirés sans doute du Printemps Érable pour ensuite s’affaisser sur un gros rythme. Si vous cherchez une plage qui représente bien le groupe, c’est sans contredit la pièce-titre où les MCs Snail Kid, 20some, Yes Mccan, O.G. BEAR, RCA y vont de rimes inspirées et intelligentes sur une excellente partition musicale de VNCE.

Parce que le génie de la jeune meute tient aussi au travail de qualité que leur offre VNCE en tant que producteur. Que ce soit avec des pièces plus classiques comme Get Dough ou sur la quasi disco Planète Roche, celui-ci n’a pas à rougir de ses constructions musicales. L’échantillonnage est tout aussi brillant, que ce soit le gamin qui «front» sur l’accrocheuse What It Is ou l’utilisation d’un extrait de Félix Leclerc sur Runnin’ qui n’est pas sans rappeler le type de revirement musical que Kanye West préconise.

Par contre, la galette ne contient pas que du bien. Si la bande est inégalable sur scène, elle se fait plus posée sur Montréal $ud. Parfois, c’est tout à leur avantage, mais par contre, un meilleur équilibrage aurait rendu l’écoute plus dynamique. La galette est peut-être un tantinet longue, comme si Dead Obies avait entre les mains trop de bonnes pièces et qu’ils voulaient absolument tout sortir d’un seul coup. Une impatience bien pardonnable, vous remarquerez.

Bref, une grosse galette de rap qui amène un élément qui n’avait pas encore été touché au Québec: un rap qui se rapproche plus de ce qui se fait dans les groupes ASAP Mob et Odd Future en comparaison desquels Dead Obies se défend avec brio. D’ailleurs ça gronde déjà dans le monde du rap québécois… toujours bon signe. Montréal $ud est plus que savoureux.

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