Crocodiles
Dreamless
- Zoo Music
- 2016
- 35 minutes
Les deux derniers albums du duo Crocodiles, Boys et Crimes Of Passion, empruntaient une tangente plus pop psychédélique que les premiers efforts, qui eux, étaient nettement plus bruyants, évoquant quelque peu le shoegaze des Jesus And Mary Chain. La semaine dernière Brandon Welchez et son comparse Charles Roswell étaient de retour avec un nouvel album intitulé Dreamless.
Enregistré à Mexico City sous la férule de Martin Thulin (Exploded View), le groupe change un peu le paradigme habituel incorporant des éléments électro-pop-rock qui ont des liens avec ce que propose un groupe comme Tame Impala. Pendant l’enregistrement de l’album, Welchez a souffert, semble-t-il, d’insomnie chronique d’où l’idée de titrer la création Dreamless. Et c’est sans compter les nombreux ennuis que Crocodiles a subi au cours des dernières années: faillites personnelles, consommation abusive de stupéfiants, relations interpersonnelles tumultueuses. Bref, la totale.
Ce qui est difficile à comprendre avec Crocodiles, c’est que le tandem a le potentiel pour écrire des chansons plus mordantes… mais ça n’arrive pratiquement jamais. Et à mon grand désarroi, ça se poursuit de plus belle avec Dreamless.
Pourquoi? Parce qu’encore une fois, les influences sont totalement aveuglantes (Tame Impala, The Last Shadow Puppets) et les chansons sont bien sûr inégales. J’applaudis l’effort de distanciation par rapport à la démarche de leurs derniers albums, mais le changement n’est pas pleinement assumé. Ce Dreamless manque de nerf. C’est un peu monotone… et ce sont les pires disques à critiquer, croyez-moi.
Il y a quand même quelques moments valables. Je pense à la groovy Welcome To Hell et les intéressantes superpositions de guitares qui nous ramène un peu dans le «vieux stock» dans I’m Sick. Les deux dernières pièces font aussi le travail. Jailbird grafigne pas mal et fait penser aux Raveonettes (mais en plus pépère) et la pop ensoleillée Not Even In Your Dreams est fort agréable. En contrepartie, Alita m’a fait ronfler au gaz et le penchant caribéen entendu dans Jumping On Angels est insupportable, tout simplement.
Je vous entends déjà vous exprimer à la maison: «Cher Stéphane, ton texte est franchement emmerdant». Oui et vous avez pleinement raison. À l’image de ce Dreamless, cette critique est un véritable somnifère. Mais le problème réside dans le fait que Crocodiles nous propose trop souvent des disques en dent-de-scie, toujours entre deux chaises, dont les moments captivants peuvent se comparer à de légers spasmes nocturnes… qui ne changent rien au fait que l’on préfère demeurer confortablement dans les bras de Morphée.
Ma note: 5/10
Crocodiles
Dreamless
Zoo Music
35 minutes