Wear Your Wounds
WYW
- Deathwish Inc.
- 2017
- 64 minutes
« Hey Jake! Don’t quit your day job! »
C’est exactement la phrase que j’aurais dite à Jacob Bannon si je l’avais rencontré par hasard au coin de la rue après avoir écouté l’album de ce projet quasi solo.
Bon, je me serais gardé une petite gêne, évidemment. Le gars est quand même le chanteur d’un de mes bands favoris tous styles confondus (Converge pour les curieux) ainsi qu’un incroyable artiste visuel multidisciplinaire. Reste que Wear Your Wounds ne sera clairement jamais mentionné en premier dans son CV artistique.
La chanson-titre de l’album éponyme donne le ton de ce qui suivra. Un motif de piano simple qui se répète et sur lequel on ajoute progressivement des couches de guitares et d’effets jusqu’à l’atteinte du maximum d’intensité qui clôt la chanson. Ce pattern se répète plusieurs fois au sein de ce disque que Bannon a concocté avec ses potes Kurt Ballou (guitar hero de Converge et réalisateur de renom), Mike McKenzie de The Red Chord, Chris Maggio de Coliseum et Sean Martin de Hatebreed. Musicalement, on alterne entre mélancolie pianotée et agressivité contrôlée. On ne comprend pas toujours bien où les chansons veulent nous amener et on commence à triper vraiment grâce à la batterie furieuse de la 5e chanson de l’album (Best Cry of Your Life). Cette chanson est également l’une des trois pièces qui ne passent pas la barre du 5 minutes. Pour le reste, on a souvent l’impression d’écouter les chansons-interludes des albums de Converge, qui servent à décompresser et reprendre notre souffle. Rien de plus normal probablement. Reste que, pour un album de plus ou moins une heure, ça devient un brin lourd et long, malgré certains moments d’une grande beauté.
Là où le bât blesse plus sérieusement, c’est surtout en ce qui concerne la voix chantée de Bannon. Partiellement maîtrisée, elle tombe souvent à plat, noyée dans un magma d’écho, de treble et de réverbération. Ce gars-là est fait pour gueuler ses tripes. C’est même le meilleur de sa catégorie (les gars fâchés avec des tatouages). Ici, on ne peut pas vraiment profiter pleinement de son potentiel et sa voix nous laisse la plupart du temps indifférent. On peine sérieusement à s’accrocher aux pièces trop longues. La pièce Hard Road to Heaven, jouée au piano sur fond de pluie battante est essentiellement une reprise instrumentale de Something in The Way de Nirvana. C’est à croire que Jake n’a pas écouté Nevermind depuis un sacré bail.
Quoi qu’il en soit, mon respect immense pour l’œuvre globale de Jacob Bannon reste le même. Si je devais le rencontrer à nouveau, je n’oserais jamais lui faire part du moindre commentaire désobligeant. Après tout, que vaut réellement une fausse note dans une symphonie?
Ma note: 6/10
Wear Your Wounds
WYW
Deathwish
64 Minutes