Critiques

The Church

Man Woman Life Death Infinity

  • Unorthodox
  • 2017
  • 43 minutes
7,5

En 2015, la formation australienne The Church, menée par le chanteur-bassiste Steven Kilbey, présentait un 25e album en carrière intitulée Further/Deeper. Cette sitedemo.cauction, marquée par le départ acrimonieux du guitariste emblématique du groupe, Marty Wilson-Piper, m’avait agréablement étonné par sa pertinence, compte tenu de la longévité du groupe. C’est clair, The Church n’a pas pris une seule ride.

Au début du mois d’octobre dernier, ils étaient de retour avec un 26e album : man woman life death infinity. Wilson-Piper est toujours en conflit avec Kilbey et n’est évidemment pas de retour. C’est toujours Peter Koppes et Ian Haug qui s’occupent des guitares et l’excellent Tim Powles qui s’agite derrière les fûts. Réalisé à nouveau par le complice Tim Howard, ce nouvel album voit The Church s’immerger plus que jamais dans les profondeurs aquatiques. Du moins, c’était le désir « créatif » que souhaitait assouvir Kilbey lors de la genèse de ce disque : « This is The Church’s water record. I’ve always marvelled at the seas, rivers, and rain. It wasn’t conscious at all, but on reflection, it definitely is a preoccupation on this record. »

Et sur cet aspect, c’est une totale réussite. Les guitares sont en apesanteur et viennent magnifier la voix de baryton de Kilbey. Même si j’ai regretté, par moments, les salves explosives de Wilson-Piper, je dois admettre que le jeu de Koppes et Haug est irréprochable. Puisque Kilbey est un compositeur, un mélodiste et un parolier de talent, l’absence de Wilson-Piper est grandement amenuisée par cet effort collectif. L’effet musical convoité – celui d’entendre un groupe englouti sous un torrent avec Kilbey qui sort la tête hors de l’eau – se manifeste tout au long de l’album.

The Church s’amuse aussi avec les codes du rock gothique, du post-rock et du krautrock, inclut quelques salves de rock psychédélique et tout ça est superbement malaxé. Et ça donne un excellent disque de space-rock mature, un peu dans les vapes.

Parmi les pièces de résistance de ce nouvel album, je vous conseille fortement d’écouter For King Knife – des liens de filiation avec le légendaire « wall of sound » de Phil Spector –, la mixture des Byrds et R.E.M. en mode « poteux » intitulée I Don’t Know How I Don’t Know How, la très Pink Floyd titrée Undersea ainsi que cette valse aussi ensorcelante que volcanique, la conclusive Dark Waltz.

Encore une fois, après un gros 37 ans de carrière derrière la cravate, The Church impressionne en créant une musique totalement intemporelle qui possède sa propre identité sonore. Je ne le répéterai jamais assez : la durée, la durée, la durée… C’est la seule chose qui m’intéresse en création. Être en mesure de créer d’aussi bons albums après autant d’années de carrière relève de l’exploit. Un grand groupe. Point.

Ma note: 7,5/10

The Church
Man Woman Life Death Infinity
Unorthodox
43 minutes

thechurchband.net

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