SZA
Ctrl
- RCA Records
- 2017
- 50 minutes
L’histoire de SZA en est très intéressante. Élevée en tant que musulmane assez orthodoxe, elle a fini par abandonner le voile après les attaques du 11 septembre 2001. Suite aux malheureux événements, elle a été ridiculisée par ses collègues de classe et ne supportant plus la moquerie, elle a préféré révéler sa chevelure. Elle a enregistré une première chanson un peu par accident avec son voisin et un ami. Cette chanson a fini dans les mains du président de Top Dawg Entertainment, la maison de disque de Kendrick Lamar. Puis, elle a lancée deux mixtapes et un EP. Voici qu’elle lançait récemment son premier album en bonne et due forme : Ctrl.
SZA nous présente un R&B alternatif qui se rapproche beaucoup de la néo-soul sur ce premier album. On pense parfois un peu à Frank Ocean, mais aussi à Jamiroquai et Erykah Badu. Elle mélange habilement des éléments hip-hop, soul et d’indie rock. C’est tout à fait réussi et l’on y découvre une jeune femme avec une voix magnifique et un don pour les mélodies efficaces qui évitent le cliché. C’est aussi très rafraîchissant d’avoir une voix féminine qui nous chante des problèmes avec un angle frais et moins exploité.
« I get so lonely, I forget what I’m worth
We get so lonely, we pretend that this works
I’m so ashamed of myself think I need therapy-y-y-y
I’m sorry I’m not more attractive
I’m sorry I’m not more ladylike
I’m sorry I don’t shave my legs at night
I’m sorry I’m not your baby mama
I’m sorry you got karma comin’ to you
Collect your soul, get it right »
– Drew Barrymore
SZA nous ouvre la porte à sa vulnérabilité à plusieurs occasions sur Ctrl. Drew Barrymore est un bon exemple. Tout comme la Frank Ocean-esque Supermodel qui ouvre l’album. Avec une guitare légèrement bruyante, elle fait aller sa voix qui est parfois rejointe par des chœurs. Avant que doucement une basse rejoigne l’ensemble. Puis la batterie lance la chanson dans une nouvelle direction plus dynamique. C’est tout à fait réussi.
Elle se frotte aussi à des sujets plus délicats qu’elle aborde avec une approche de prise de pouvoir. Elle reprend le terme « pussy » et en fait une chanson, Doves In the Wind, qui met en garde les hommes frivoles qui parlent du sexe féminin sans respect. Elle compte sur Kendrick Lamar qui vient faire un tour sur l’excellente chanson avec une trame plus cool que cool. Go Gina tire plus vers le hip-hop avec une verve assez dégourdie de la part de la jeune femme. Anything fait aussi belle figure et SZA en profite pour nous envoyer des rimes bien tournées avec un débit non anodin.
C’est vraiment un premier album totalement réussi pour la jeune femme. SZA prouve qu’elle a une voix unique et différente du reste du monde R&B. C’est doux, bien écrit, bien composé et juste assez émotif sans tomber dans un pathos à n’en plus finir.
Ma note: 8,5/10
SZA
Ctrl
RCA Records
50 minutes