Stars
There Is No Love In Fluorescent Light
- Last Gang Records
- 2017
- 50 minutes
On l’oublie, mais ça fait déjà 13 ans que Stars a sorti son classique Set Yourself on Fire, devenu aujourd’hui un des albums cultes de l’indie-rock canadien. Depuis, le groupe torontois (aujourd’hui établi à Montréal) roule sa bosse en poursuivant son exploration des rapports amoureux, comme sur son nouvel opus There Is No Love in Fluorescent Light, qui combine pop de chambre et électro dansant…
Pour dire vrai, Stars n’a jamais réussi à accoter la splendeur de Set Yourself on Fire, peut-être le meilleur album de rupture jamais enregistré. Encore aujourd’hui, je crois qu’aucune chanson n’exprime mieux le sentiment étrange qui nous habite quand on croise notre ancienne flamme par hasard que Your Ex-Lover Is Dead. Et le tout était enrichi par une pop orchestrale élégante, mais sans être prétentieuse.
La bande menée par le duo Torquil Campbell-Amy Millan a ensuite offert une série de disques à la qualité inégale, de l’ambitieux In Our Bedroom After the War, un album concept nominé pour le prix Polaris en 2008 jusqu’au décevant No One Is Lost, paru en 2014, qui semblait abandonner le côté mélodramatique de la musique de Stars au profit de numéros strictement conçus pour la piste de danse.
There Is No Love in Fluorescent Light tente de concilier ces deux univers en alternant des titres puissants de mélancolie comme Privilege et The Gift of Love et d’autres qui évoquent la pop générique des années 80, tels que Hope Avenue et Real Thing. Il n’y a absolument rien de mal à ça, et telle a toujours été la signature sonore de Stars, mais il en résulte forcément quelques ruptures de ton qui rendent le disque difficile à apprécier comme un tout, malgré des qualités d’écriture indéniables.
La grande force du groupe réside encore dans les voix de Campbell et Millan, qui s’échangent le rôle-titre de chanteur avec une tension qui n’est pas sans évoquer celle d’un couple composé de deux têtes fortes. Le « couple » et ses difficultés restent d’ailleurs au centre des préoccupations de Stars, avec des textes qui évoquent entre autres la paranoïa (Losing to You), le besoin de se retrouver seul (Alone, où Campbell clame « Don’t make me need you when I’ve come this far alone… ») ou encore la nécessité de se libérer de son passé (California, I Love That Name).
L’enrobage musical est beaucoup plus élaboré que sur le précédent No One Is Lost et Stars renoue avec la richesse orchestrale qui a fait sa renommée. Même les chansons les plus simples en apparence sont magnifiées par des arrangements soignés (parfois un peu pompeux) qui leur donnent une qualité cinématographique. C’est le cas de la délicate On The Hills et de la très jolie Wanderers, qui clôt l’album sur une note d’espoir qui laisse croire que l’amour véritable est possible, même sous les lumières fluorescentes de nos grandes cités où tout nous semble impersonnel.
Sans s’approcher de la splendeur ou de la puissance émotive de Set Yourself on Fire, There Is No Love in Fluorescent Light marque néanmoins un beau retour pour Stars, après le pâle No One Is Lost, qui avait amené le collègue Stéphane Deslauriers à se demander si « une mise à mort » de la formation ne serait pas souhaitable pour permettre à ses deux leaders de prendre à nouveau leur envol avec un entourage « dépoussiéré ». Dommage, par contre, que ce nouvel album compte quelques titres beaucoup plus faibles qui viennent un peu assombrir l’ensemble…
MA NOTE: 6,5/10
Stars
There Is No Love in Fluorescent Light
Last Gang
50 minutes