Queens Of The Stone Age
Villains
- Matador Records
- 2017
- 48 minutes
J’ai toujours quelque chose à dire au sujet de Queens, parce que c’est un groupe qui me tient à cœur. J’ai même longtemps considéré que le groupe était pour moi. Je suis un des rares qui a trouvé que …And the Circus Leaves Town était meilleur que Blues for the Red Sun (mais rien n’approche Sky Valley), j’ai entendu Queens dès le 1er split sur Man’s Ruin, j’ai commandé le premier album parce qu’aucun disquaire en ville ne l’avait dans ses bacs, je m’intéressais aux Desert Sessions, j’étais aux Foufs pour leur première visite… En bref : j’ai un passé avec Josh Homme et sa bande.
Depuis que Queens a annoncé l’arrivée de Villains, notamment par un article dans Rolling Stone, plusieurs petites choses ont alarmé les vieux fans : ça allait être plus dansant, réalisé par le très pop Mark Ronson, avec un Josh moins grognon et tourmenté que sur …Like Clockwork, un Josh qui a besoin de s’amuser après avoir été secoué par l’acte terroriste qui a touché de très près ses potes d’Eagles of Death Metal à l’automne 2015.
J’ai abordé l’écoute de Villains en faisant confiance à Josh. S’il veut faire un album dansable et joyeux, et s’il pense que Ronson est l’homme de la situation, il peut trouver la bonne façon de le faire. Mais il y a un os : ce n’est pas l’album joyeux et dansable qui nous est annoncé. Il y a bien deux ou trois chansons qui correspondent à ce qu’on nous vend, mais la viande est servie entre les grosses tranches de pain blanc sans texture que sont Fortress, Hideaway et l’exécrable Un-Reborn Again. Cette dernière nous fait subir presque sept minutes où rien ne se passe, mais avec des violons et des cuivres à la fin. Quand un groupe rock à la recherche de sa propre évolution décide d’utiliser violons et cuivres pour tenter en vain de faire lever une chanson, c’est l’équivalent musical d’un haussement d’épaules, d’un gros soupir, d’un « whatever, ça fera l’affaire ».
Tout n’est pas vide et sans substance. Il y a quelques bonnes prises au tableau, notamment Domesticated Animals, qui a les signes distinctifs d’une bonne chanson de Queens sans répéter leurs vieilles idées. Et le riff principal de The Evil Has Landed est du solide, du moins jusqu’au changement de rythme du passage final, rigide, forcé, agrémenté de licks de guitares que Josh pourrait avoir écrits dans son sommeil.
L’ensemble de l’album sent le compromis. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un compromis opportuniste, et je ne veux pas tomber dans la psychoanalyse de salon, mais Josh semble tenter de se montrer vulnérable sans vraiment exprimer quoi que ce soit d’intime. Il semble vouloir faire dans la légèreté enjouée, mais les hooks sont faibles, communs, et me font penser à des trucs que je n’ai vraiment pas envie d’entendre (me sont passés par la tête : bande originale de Grease, Word Up de Cameo, le hit de KT Tunstall). Josh et Ronson soignent les sonorités de batterie, mais ne donnent rien faire à Jon Theodore qui serait à la hauteur de son talent.
Mais ce qui manque plus que tout à cet album, c’est du bizarre. Le pire compromis ici est de faire moins bizarre que d’habitude en pensant que ça rendra l’ensemble plus enjoué. Être heavy tout en faisant danser, c’est ce que Queens fait aisément depuis ses premiers pas, et le groupe insérait toujours quelques pièces vraiment bizarres dans le tas. Cette absence du bizarre, bien plus que la présence de Ronson, donne une impression de vide. Ça donne un album bien plus triste qu’enjoué.
Ma note: 5/10
Queens of the Stone Age
Villains
Matador
48 minutes