Priests
Nothing Feels Natural
- Sister Polygon Records
- 2017
- 34 minutes
Pour reprendre l’argumentaire de Laura Snapes dans sa critique chez Pitchfork : « Nothing Feels Natural est le premier album punk le plus solide depuis Silence Yourself de Savages. » J’ai tendance à me ranger du côté de Snapes. Priests arrive avec une brique et un fanal, des gros riffs, un son riche et varié ainsi qu’une bonne dose de rage.
Un brin d’histoire tout d’abord. Priests est un quatuor formé de Katie Alice Greer, Daniele Daniele, Taylor Mulitz et GL Jaguar. Actif depuis 2012, la formation avait fait paraître Bodies and Control and Money and Power en 2014. Sur ce EP, on trouvait des paroles acerbes, parfois même violentes dont la décapante phrase :
Barack Obama killed something in me and I’m gonna get him for it.
— And Breeding
Imaginez ce qu’ils doivent penser de Donald Trump… Disons que la formation ne fait ni dans la dentelle ni dans le propre ou le poli. Nothing Feels Natural est toujours aussi méchant et coup de poing alors que musicalement, c’est de la bombe. On retrouve le même genre de basse intoxicante que chez Big Ups et la même puissance dans l’interprétation vocale que chez Savages.
Ce qui différencie beaucoup Priests est leur audace et leur habileté à mélanger d’autres genres à leur punk. La sombre Nicki emprunte à la pop pour la mélodie vocale alors que les guitares viennent souvent briser l’atmosphère avec des bruits métalliques. Lelia 20 se lance dans des atmosphères psychédéliques nuancées pendant que Greer lance des paroles d’une violence indéniable :
You are a common thief in my worst dreams
You are a common thief
You’re still using braun to get the best of me but I will will you into me I will will you into me I will eat the shell spit out the seeds I will I will
— Lelia 20
Greer n’est pas la seule à savoir se débrouiller avec un stylo (ou encore un clavier), Daniele signe la littéraire et surprenante No Big Bang. Avec son slam intelligent et bien construit, la chanson se déploie magnifiquement avec son discours semi-bouddhiste. Et si vous avez peur de ne pas avoir votre dose de punk plus agressif, Appropriate qui ouvre Nothing Feels Natural est tout ce dont vous aurez besoin. Un gros riff accrocheur et dynamique, une batterie martelée avec simplicité, mais acharnement et une basse délicieuse. On peut en dire tout autant de la réussie Pink White House.
Priests lance un premier album totalement réussi qui fait honneur à la réputation qu’ils avaient commencé à se forger avec leur EP. Pour les amoureux de punk contestataire et brutal, ce sera un match naturel.
Ma note: 8/10
Priests
Nothing Feels Natural
Sister Polygon Records
34 minutes