Critiques

Mimicof

Moon Synch

  • Alien Transistor
  • 2017
  • 44 minutes
7,5

MimiCof est le projet solo de la compositrice et sitedemo.cauctrice japonaise Midori Hirano, pseudonyme qui sépare ses expérimentations électroniques de ses œuvres au piano et d’un autre projet en duo avec YTAMO. Ses deux premiers albums sous MimiCof, RundSkipper (2011) et KotoLyra (2012), mettaient en valeur des échantillons manipulés rythmiquement et des structures de pièce développées de façon légèrement aléatoire; un peu comme du IDM japonais. Hirano est revenue en mai dernier avec Moon Synch en proposant un travail de composition à partir d’un synthétiseur modulaire Buchla 200 (1970), le frère spirituel du Moog (1967). La palette sonore d’un tel appareil se démarque par défaut, et Hirano en profite pour transposer les rythmes IDM dans les vitesses d’oscillation des sons; les fréquences sont soigneusement choisies et les répétitions sont calculées avec précision.

Rising ouvre sur une onde de 500Hz au-dessous de laquelle fluctue une autre onde particulièrement dissonante, le passage rythmé façon compteur Geiger et l’épaisse masse sonore d’oscillateurs créent une atmosphère post-nucléaire dont le seul réconfort est le ronronnement de la génératrice. La sonorité de verre réverbéré de Burning Lights contraste progressivement avec les itérations mécaniques, combinaison tempérée par une basse monophonique lente. Le passage totalement expérimental nous déstabilise complètement jusqu’à ce que le rythme revienne en force avec un bon kick. Parallel Roads se développe en boucle à partir d’une ligne de basse synthétique, un rythme souterrain et une guitare électrique dont la lenteur permet d’apprécier le phasage de la distorsion.

Yellow Town semble venir du fond d’une grotte tellement la réverbération est présente; le rythme assure tout de même une certaine proximité pendant que les sons synthétiques rebondissent en écho. La ligne mélodique au piano de Dropping rappelle étrangement un classique dance mélangé à un genre de développement harmonique que Jean-Michel Jarre aime beaucoup utiliser, bien que la rythmique soit plus intéressante ici. La fréquence de 1750Hz (après vérification) ouvre Spins de façon assourdissante jusqu’à ce que la mélodie équilibre progressivement le spectre. La combinaison s’assoupit le temps que le rythme s’éloigne et que le grésillement de l’oscillateur prenne fin.

Opal part en boucle sur un arpège synthétique, derrière quelques notes mélodiques et un rythme minimaliste très espacé. La fréquence de 450Hz ouvre la pièce-titre, laissant ensuite les accords se succéder en duo avec une oscillation relativement rapide. Leaving the Country avance sur un tempo de ramage en chaloupe, accompagnée par une onde réverbérée qui monte et descend en glissando sur le spectre des fréquences, une conclusion plus expérimentale.

Le troisième album de MimiCof, ou le neuvième de Midori Hirano, est résolument différent de ses prédécesseurs; et bien que l’on retrouve sa sensibilité mélodique sur celui-ci, c’est le synthétiseur modulaire Buchla qui est mis en évidence ici. On se retrouve avec une atmosphère de laboratoire dans lequel une machine est (ré)animée par une humaine, quelque part entre la froideur du synthétique et la chaleur de la créativité. À examiner.

Ma note: 7,5/10

MimiCof
Moon Synch
Alien Transistor
44 minutes

http://midorihirano.com

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