Critiques

Jean-Michel Jarre

Oxygène 3

  • Columbia Records
  • 2017
  • 40 minutes
5,5

2016 marquait le quarantième anniversaire d’Oxygène, le troisième album de Jean-Michel Jarre, qui l’a propulsé sur la scène internationale; et la sortie d’Electronica II : The Heart of Noise, la deuxième partie de son ambitieux projet de collaboration avec des artistes du milieu électronique. À mon grand étonnement, il fermait également l’année en décembre dernier avec un nouvel album en lien avec Oxygène, savamment nommé Oxygène 3, et offrant cette fois-ci les parties 14 à 20.

J’étais très enthousiaste à la sortie d’Oxygène 7-13 (1997), et étais prêt à apprécier les belles harmonies et mélodies de la suite lorsque j’ai réalisé qu’il n’y avait rien à faire. Le sujet avait été couvert et la sonorité semblait faire abstraction de l’évolution de l’électro depuis 76. C’est un peu la même chose avec Oxygène 3; on a l’impression d’écouter une visite guidée au musée de l’original, mélangé à des maquettes non utilisées sur Electronica I et II. On se console malgré tout avec une qualité de sitedemo.cauction à la hauteur du maître.

L’accord synthétique rythmé ouvre la partie 14 comme un hymne techno 90s, avec une petite touche rétro analogique. La boucle mélodique se répète et s’épaissit de claviers en délai, mais peine à amener le thème plus loin. La partie 15 conserve le souffle, s’amincit par la suite avec un clavier réverbéré et un jeu rythmique de pulsions bruitées; on s’attend à ce que ça reparte avec plus d’intensité, mais il faut plutôt se contenter de reprendre le début. La partie 16 démarre sur une séquence italodisco, approfondie ensuite par des sons ambiants aux teintes fluo 80s.

La partie 17 flirt avec le techno romantique et sa touche de house, style îles Baléares en plissant les yeux pour regarder le soleil se coucher à l’horizon. La partie 18 est comme un interlude new age, le thème musical est joli et marque une pause à l’effet d’autopastiche. Un arpège au clavier ouvre la partie 19, les harmonies se développent graduellement jusqu’à ce qu’un synthé mielleux guide le mouvement plutôt mélodieux. La partie 20 conclut sur un orgue à la tonalité dramatique, et progresse très lentement sur un accord majeur dans une atmosphère new age de libération spirituelle. On se sent effectivement libéré lorsque ça se termine.

Oxygène 3 a beau avoir un lien avec la première partie, il n’amène pas le thème bien plus loin que la deuxième partie avait tenté de le faire. Après les deux albums Electronica, Jarre est revenu en solo avec une vision particulièrement conservatrice de la musique électronique. Compléter une trilogie d’une façon aussi prévisible m’a frustré, d’autant plus que Jarre vient de passer deux ans à collaborer avec des artistes qui n’hésitent pas à regarder vers l’avant. Ceci dit, les fans inconditionnels réussiront certainement à y trouver leur compte.

Ma note: 5,5/10

Jean Michel Jarre
Oxygène 3
Columbia Records
40 minutes

http://jeanmicheljarre.com