Ex Eye + Colin Stetson
Ex Eye
- Relapse Records
- 2017
- 37 minutes
T’es tu déjà dit: « Hey, il me semble que Colin Stetson est, de par son style, presque prédestiné à shreadder dans un band de métal!» ? Ben moi non plus! Pourtant, nous y voici. Ex Eye est le nouveau groupe du saxophoniste manifestement débordé, qui nous a offert plus tôt cette année un autre album solo. Virtuose de la musique répétitive et minimaliste ainsi que des modes de jeux les plus poussés de son instrument, Stetson est acclamé dans toutes les sphères de la musique, de l’électronique au jazz… en passant maintenant par le métal.
On reconnait dès les premières minutes le style de Stetson, avec son sax volatile et virtuose, et il réussit à l’appliquer avec une étonnante aisance au métal shoegazé qui en ressort. Par moments d’ailleurs, ça peut faire penser à du Ghost Bath ou à du Deafheaven, comme avec l’entrée des blast beats délavés d’une mer de réverbération dans Anaitis Hymnal; The Arkose Disc. La sonorité de son sax se marie bien avec le reste des instruments, particulièrement dans les registres extrêmes. Les aigus rappellent parfois un certain scream, et les graves se rapprochent de sons de synthèse, procurant beaucoup de profondeur au mix. Mais malgré tout ça, il manque un peu de puissance et de plénitude à l’album. Ça ne rend pas la chose complètement monotone, l’œuvre contient quand même de belles nuances, elle exploite souvent bien le contraste entre le style épuré des envolées de Stetson, mais la partie métal de la chose manque parfois de dynamisme. Peut-être est-ce tout simplement un problème de sitedemo.cauction.
Le bagage jazz de Stetson et de ses musiciens (qui y sont tous reliés de près ou de loin) se fait bien sentir par moment. L’intégration subtile de métriques irrégulières et de progressions d’accord poussées et complexes (sans pour autant obstruer la musique de masturbation mentale) est bien réussie. Le travail mélodique est assez simple, mais très beau en général, ça donne une touche pop un peu moins ésotérique à leur musique. Ex eye garde notre attention tout au long de l’album par divers moyens, tous assez fonctionnels, mais sans devenir pour autant un album captivant. C’est immersif, cathartique par bout, mais ça reste de nature plutôt atmosphérique. Il n’y a pas de moments où l’album provoque de gros wow. Toute la recherche sonore est bien exécutée, mais on ne sent pas l’extrême perfectionnisme qu’on connaît à Stetson se refléter sur ce projet là. Certains passages semblent même avoir manqué d’attention, comme la fin de Form Constant; The Grid, qui est un peu redondante. Il est certainement facile de camoufler ces passages derrière l’aspect lent, évolutif et introspectif de leur musique, mais les passages n’en demeurent pas moins lassants à la longue.
Le style de la formation est somme toute assez intéressant et résolument original, mais quelque peu décevant. Ça donne le goût de le réécouter une couple de fois, mais sans plus. La formation a fait du bon travail, surtout pour un premier album. Avec un peu plus de temps passé à faire murir leur style, je ne serais pas surpris de les voir sortir un prochain album beaucoup plus affirmé et intéressant.
Ma note: 7/10
Ex Eye
Ex Eye
Relapse Records
37 minutes