Critiques

Elbow

Little Fictions

  • Polydor Records
  • 2017
  • 50 minutes
8
Le meilleur de lca

Le groupe a vieilli et s’est assagi. Il s’est déchiré et s’est reconstruit. Puis, a finalement repris le chemin musical. Les deux dernières années n’ont pas été faciles pour Elbow, qui nous arrive en février avec ce Little Fictions. Septième album d’une discographie sans taches, ce disque suit le chemin tracé par son prédécesseur (The Take Off And Landing Of Everything) en incorporant encore – un peu – des éléments électros doux, légers, à une sonorité résolument rock-adulte.

Enregistré lors d’une période mouvementée pour la formation anglaise – départ douloureux du batteur et membre fondateur Richard Jupp; mariage heureux du chanteur – et pour l’ensemble des habitants du Royaume-Uni – mort de David Bowie; sortie fracassante de l’Union européenne (Brexit) –, on aurait pu craindre que ce nouvel opus manque d’air sur le plan de la construction musicale. Mais on écoute Little Fictions et on se rassure : l’essence même d’Elbow est intacte, malgré l’absence du spécialiste des percussions. Certes, le vernis manque un peu d’éclat à certains endroits – principalement au centre de la tablette de 10 pièces –, mais, dans l’ensemble, voilà une autre offre « elbowienne » brillante. Les gars ont de l’expérience et cela s’entend.

En ouverture, la pièce Magnificent (She Says) permet de renouer avec la voix chorale de Guy Garvey. Entourée de violons, elle prend son envol dans la première minute de cette composition et restera céleste tout au long de ce disque, se posant seulement 50 minutes plus tard, sur le tarmac de la chanson dénudée Kindling. La vocalise sans reproche de Garvey est ainsi mise de l’avant une énième fois dans la musicalité préconisée par le groupe. Et pour cause : puissante, claire, limpide, précise – elle fait penser à Peter Gabriel par moment – audible et répétitive, elle favorise la compréhension du message et du verbe. Chez Elbow, elle est l’outil parfait du message à transmettre, des mots à échanger avec les auditeurs.

Et que disent-ils, ces mots? Ils parlent d’amour. L’amour recherché, l’amour perdu, l’amour de son prochain, l’amour qui fait mal, l’amour de l’Homme, avec un grand H, le tout dans une dictée recherchée et harmonisée à la sonorité.

« I just don’t trust the sun to rise
When I can’t see your eyes
You’re my reason for breathing»
– refrain de Trust The Sun

« We protect our little fictions
When we bow to fear
Little wilderness mementos
But there’s only you and me here»
– la chanson titre Little Fictions

Musicalement, Elbow voit les instruments comme des accompagnateurs. Notes de piano, beat-box, cymbales, guitares (très peu), violon, éléments électros… Tout est mis en œuvre pour accompagner Garvey dans ce nouveau tour de chant. Et c’est encore une fois réussi.

Ma note: 8/10

Elbow
Little Fictions
Polydor
50 minutes

http://elbow.co.uk/

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