Critiques

Actress

AZD

  • Ninja Tune Records
  • 2017
  • 55 minutes
7

Le musicien britannique Actress, Darren Cunningham de son vrai nom, est de retour avec le sympathique AZD. Il s’agit de son premier disque complètement dédié à ses compositions originales depuis l’excellent et glauque Ghettoville paru en 2014. Alors que ce disque soulignait la décrépitude du monde, AZD célèbre le rythme, le mouvement en proposant une techno expérimentale pourvue de qualités et de défauts non négligeables.

À la manière d’un tennisman cherchant ses sensations en début de match, Actress prend du temps à établir ses repères. Il place son jeu. Cela fait en sorte que les quatre premières pièces du disque sont faibles. Malgré quelques bonnes idées par-ci par-là – le bruit de balle de ping-pong dans Fantasynth – ces morceaux souffrent d’un flagrant manque de finition.

Après ce départ un peu raté, Actress propose quelques très bonnes compositions. CYN capte l’attention à l’aide de quelques courts segments vocaux, des arrangements foisonnants et une ambiance enveloppante. S’en suivent les excellentes X22RME et Runner. Ces deux compositions se démarquent grâce à leur caractère frontal et leur avidité. La dernière pièce, VISA, n’est pas non plus piquée des vers. Construit autour d’une partition carrée de basse et de hi-hat électroniques, ce morceau gagne en nuance et en texture grâce à des crépitements synthétiques entrainants. Réussi.

Bien que la créativité d’Actress lui permette de faire quelques bons coups à l’étape de la composition, votre humble critique est persuadé que la plus grande qualité du musicien de Wolverhampton est son talent de producteur. D’ailleurs, l’intérêt d’AZD réside justement dans la production. Actress rend intéressantes et agréables des compositions somme toute banales. À titre d’exemple, la facture sonore de Fantasynth est envoûtante; chaque élément de la partition est travaillé jusqu’au plus menu détail. Actress semble considérer la texturation comme un travail d’orfèvre. Chaque son est minutieusement créé, retouché, jusqu’à ce que l’intention prenne vie dans sa forme la plus parfaite.