Crabe
Sentients
- Pantoum Records
- 2021
- 33 minutes
Nous avions manqué de temps à sa sortie pour critiquer le nouvel album de Crabe. On se rattrape maintenant. Crabe est une bibitte unique dans le paysage musical québécois et repousse les limites qu’on n’imagine même pas exister. Sentients est un album qui trouve sa place naturellement dans la discographie du duo, même s’il est foncièrement différent sur un point : les collaborations.
Pour Sentients, Crabe s’est payé une belle brochette de collaborateurs : Hubert Lenoir, Laurence-Anne, Vincent Peake (Groovy Aardvark, Grim Skunk, Aut’Chose), Dan Mongrain (Voivod), Yuki B.T (Jesuslesfilles), les dianacrawls, Benoit Poirier (Jesuslesfilles), Infopolice et Mathieu A. Seulement (Technical Kidman). C’est une très belle liste d’invités. Un peu comme si Crabe s’était payé le party le plus le fun en ville. Et c’est aussi ce qui transparaît dans le résultat.
Les invités ne prennent pas du tout le dessus sur la musique iconoclaste de Crabe. Benoît Poirier est peut-être celui qui se démarque le plus du lot avec le texte repris de Né pour aimer. On arrive au moment où il recommence, où il le refait au complet comme si nous avions accès à l’ensemble de l’enregistrement sans discernement. Ça fonctionne très bien puisque la trame évolue magnifiquement grâce au travail de Crabe, Mathieu A. Seulement et Jean-Michel Coutu (IDALG).
Le talent de poète de Mertin Hoëk continue de briller à travers Sentients. Le texte de Buver de la bleach est particulièrement efficace. C’est comme un voyage dans une situation déprimante. Crabe se fait particulièrement nerveux sur 8008 rue des Lombards et les sonorités de guitares surprenantes sont mises de l’avant. Tout comme les effets musicaux atypiques de Mathieu A. Seulement. Dans ce registre Enter the w-ustensile est aussi franchement réussi.
Les invités se sont pliés au jeu, mais on trouve quand même certaines petites surprises comme le riff de guitare et celui de basse de Dan Mongrain et Vincent Peake respectivement dans Musique électrique. Pas de doute, il s’agit ici d’un riff de thrash métal. Dans le spectre complètement opposé, la personnalité d’Hubert Lenoir ne perce pas à travers Pollice verso.
C’est un autre album haut en couleur que Crabe nous offre. Avec eux, on peut toujours s’attendre à des montagnes russes et c’est ce que Sentients nous livre une fois de plus. Le duo créé des œuvres qui dépassent complètement les frontières de la musique rock ou pop comme on la voit aujourd’hui pour tomber dans la création contemporaine qui a autant sa place sur scène que dans une galerie d’art.