Critiques

Cowboy Junkies

All That Reckoning

  • Latent Recordings
  • 2018
  • 46 minutes
6,5

Si vous êtes comme moi, la plupart d’entre vous (du moins, quelques quarantenaires un peu désabusés) ont connu la formation canadienne Cowboy Junkies grâce à l’album The Trinity Sessions paru en 1988. Le plus gros vendeur de la carrière du groupe a été enregistré dans une église située dans la région de Toronto. C’est surtout grâce à la reprise toute en retenue de Sweet Jane du Velvet Underground que la famille Timmins et leur fidèle acolyte, Alan Anton, ont pu conquérir un public plus vaste. Mis à part le remake de ce classique du rock, c’est le charisme et la voix magnétique de Margo Timmins qui constitue le pain et le beurre du groupe. Sans elle, point de salut pour Cowboy Junkies !

Après 16 albums studio, Cowboy Junkies revenait à la charge la semaine dernière avec un nouvel album – un premier en 6 ans – intitulé All That Reckoning. La recette demeure sensiblement la même. Le guitariste Michael Timmins est toujours le compositeur attitré du groupe et les pionniers du mouvement « alt-country » propose le même son, délicat et maîtrisé, qui les a toujours caractérisés, à part les quelques salves plus abrasives positionnées à la mi-parcours de ce nouvel album.

Si la musique demeure cantonner dans un certain traditionalisme, le propos, lui, est plus incisif. Perte de repères sociaux, idéologies politiques fascisantes, désabusement et désespoir face à l’état des lieux, les thèmes explorés trouvent leur pertinence dans le fait que ces musiciens en ont fait du chemin et l’expérience accumulée (cette chose qui ne s’achète pas…) leur permet de croire, en toute humilité, que la trajectoire que prend actuellement l’humanité n’est pas nécessairement la bonne… Cowboy Junkies exprime une saine colère qui me semble tout à fait justifiée compte tenu du contexte politique en vigueur.

Sans être un grand disque, les fans de la formation (et un certain public qualifié de « mature et éduqué ») apprécieront cette nouvelle création. Un album d’une simplicité attachante qui ne révolutionne absolument rien, mais qui a le mérite d’être d’une sincérité incontestable. Après un début un peu nonchalant (All That Reckoning Part 1, When We Arrive et The Things We Do To Each Other ) All That Reckoning prend son envol avec Wooden Stairs et décolle littéralement avec Sing Me A Song, une étonnante chanson rock. Missing Children brasse correctement la cage et le superbe riff salopé qui survient inopinément dans Nose Before Ear est un pur bijou. L’atterrissage s’effectue en douceur avec la dépouillée The Possessed.

Bref, on ne peut rien exiger de plus de la part de ces vétérans qui n’ont absolument plus rien à prouver. Un retour sur disque tout à fait pertinent, sans être exceptionnel, qui rassure sur la capacité d’indignation qui habite encore ces quasi soixantenaires.

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