The Church
Further/Deeper
- Unorthodox
- 2015
- 66 minutes
Formés à Sydney, Australie, les vétérans rockers alternatifs, The Chruch, sévissent toujours dans le paysage musical. En effet, la semaine dernière, la bande menée par Steven Kilbey mettait sur le marché américain (le disque est paru en octobre dernier en Australie) un énième album, en trente-cinq ans de carrière, intitulé Further/Deeper. Le guitariste Peter Koppes accompagne toujours Kilbey dans ses mésaventures sonores, l’excellent Tim Powles s’agite à la batterie, mais le maître de la six cordes (considéré par plusieurs observateurs comme le co-leader de la formation) Marty Wilson-Piper a quitté le navire. Départ important, s’il en est un, car son jeu singulier constituait une importante part de la signature du groupe.
Qu’à cela ne tienne, le songwriter Kilbey s’est accointé les services d’un collaborateur de longue date, Ian Haug (Powderfinger), afin de mener à terme ce projet. Par ailleurs, plusieurs fanatiques de la formation ne pardonnent pas le départ précipité de Wilson-Piper. Des rumeurs de disputes au sujet de droits d’auteurs impayés ont frayé dans les médias australiens. Plusieurs prédisaient le naufrage après la fugue du vénéré guitariste. Force est d’admettre que les sceptiques ont été sérieusement confondus!
La voix de baryton de Kilbey noyée dans la réverbération, le penchant psychédélique/shoegazien, les inventives superpositions de guitares, tout est demeuré intact. Si on ajoute à cela, l’écriture chansonnière et les mélodies typiquement Kilbey, on peut affirmer que ce Further/Deeper est un retour en force pour The Church puisque la dernière parution en date du groupe datait de 2009 (Untitled No. 23).
Défiant la logique d’un certain déclin de créativité suite au départ de Wilson-Piper, The Church est plus que jamais vibrant, aventureux, courageux et pertinent… et après tant d’années au compteur, peu d’artistes peuvent se targuer d’atteindre de tels standards créatifs. Plus on écoute Further/Deeper, plus on se rend bien compte que Steven Kilbey y était pour beaucoup dans l’adéquation créative de la formation. Loin de nous l’idée de diminuer l’apport de Wilson-Piper, mais Kilbey fait la preuve avec ce disque qu’il est bel et bien le maître à penser chez The Church.
En plus du son habituel du quatuor, Kilbey meuble certaines chansons de moments cadencés fort intéressants. On pense à l’hypnotique/entraînante Globe Spinning. On apprécie ce désir de s’extirper d’une certaine zone de confort et c’est particulièrement réussi sur cette pièce. The Church présente aussi quelques pièces de résistance que les fervents sauront apprécier: le refrain imparable de Vanishing Man, l’inclinaison Interpol évoquée sur Delirious, la pop Laurel Canyon ainsi que l’odyssée anesthésiante Miami; piste dont l’introduction ressemble à s’y méprendre au motif de guitare caractérisant Destination (pièce qui s’est révélée sur le classique Starfish paru en 1988).
Pour un groupe qui peut s’enorgueillir d’une carrière regroupant de superbes albums tels que Seance (1983), Heyday (1985), Priest=Aura (1992) et Sometime Anywhere (1994), on ne peut que respecter le labeur accompli par Kilbey et ses musiciens sur ce Further/Deeper. Un disque vaillant qui fera assurément partie des bons coups de la discographie du groupe. Baisemain à Steven Kilbey.
Ma note: 7/10
The Church
Further/Deeper
Unorthodox
66 minutes
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