Critiques

Childish Gambino

3.15.20

  • RCA Records
  • 2020
  • 58 minutes
6,5

Il y a longtemps que les rumeurs de nouvel album courent pour Childish Gambino, aussi connu sous son nom de naissance : Donald Glover. Après avoir été la tête d’affiche de tous les plus grands festivals en 2019 et quatre ans après la sortie de Awaken, My Love, voici que 3.15.20 est officiellement sorti.

Sa parution a été plutôt… surprenante. Le 15 mars 2020, pendant 12 heures, le site donaldgloverpresents.com a fait jouer en boucle l’album. Puis, le néant. C’est disparu. Quelques jours plus tard, voici qu’un décompte est apparu sur le site et qui menait au 22 mars, date officielle à laquelle l’album a vu le jour. Les chansons, plutôt que d’être titrées, sont nommées en raison de leur minutage sur l’album. Ce qui fait que même une chanson déjà parue comme Feels Like Summer est rebaptisée 42.26. Il y a cependant deux exceptions, comme si Glover nous trollait : Algorythm et Time, les deuxième et troisième pièces de 3.15.20.

Au bout du compte, on peut dire ceci. C’est un album partiellement réussi, mais qui manque énormément de cohésion. Parfois, Glover tombe carrément dans le pastiche d’artistes établis, alors qu’à d’autres moments, on retrouve ce qui séduit chez Childish Gambino. Peut-être que le concept de numérotation pour les titres participe à donner encore plus un sentiment d’étrangeté par rapport à la variété presque vertigineuse de perches que lance Childish Gambino. Oubliez la cohérence, à part quelques liens sonores plutôt faciles.

Débutons avec les bons coups! 35.31 est une efficace ritournelle de pop même si la voix de Glover est tellement filtrée qu’on reconnaît à peine sa voix naturelle. Par contre, au niveau de la composition, c’est répétitif, mais aussi très accrocheur. 47.48 est probablement l’une des pièces les plus intéressantes de l’album avec son rythme R&B métissé qui montre Childish Gambino sous son meilleur jour. Alors qu’il s’attaque à la violence qui peut exister en société, la pièce se termine dans un échange entre lui et son fils.

Parmi les réalisations les plus impressionnantes de l’album, Time, avec sa grosse basse, compte sur l’apport non crédité d’Ariana Grande. Ce n’est pas la seule qui vient prêter main-forte à Glover. Kadhja Bonet et 21 Savage participent à leur tour sur 12.38.

Par contre, l’album part dans tous les sens et ne réussit pas vraiment à nous captiver totalement. Ça reste un peu plat, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. 24.19 sonne comme une mauvaise copie de Frank Ocean alors que 32.22 est comme un pâle pastiche de Kanye West… à l’époque de Yeezus.

Ce n’est pas un échec pour Childish Gambino, mais on n’arrive pas au même standard artistique que sur ses deux précédents efforts. C’est un album diffus où certaines bonnes idées sont lancées, mais jamais vraiment approfondies pleinement. N’en demeure pas moins que lorsque Glover plonge dans la pop, il est très bon. Bref, c’est un album en demi-teintes.

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