Chastity Belt
Chastity Belt
- Hardly Art
- 2019
- 43 minutes
Julia Shapiro (voix, guitare), Lydia Lund (guitare), Annie Truscott (basse) et Gretchen Grimm (batterie) se sont rencontrés en 2010 alors qu’elles étaient étudiantes au Whitman College; un établissement d’enseignement privé qui dispense une panoplie de programmes artistiques.
En 2013, le quatuor faisait paraître No Regrets; une description corrosive de la vie estudiantine qui sévissait alors dans la région de Seattle. Ensuite, le groupe revenait avec Time to Go Home (2015). Finalement, Chastity Belt lançait son meilleur album en carrière, I Used to Spend So Much Time Alone (2017); une réflexion assez sombre sur le manque de recul et de jugement qui nous afflige tous à la jeune vingtaine (anxiété, peur de l’avenir, etc.).
Après avoir mis fin prématurément à la tournée faisant la promotion du plus récent album du groupe, Julia Shapiro – principale compositrice de la formation – en a profité pour se ressourcer afin de retrouver un certain tonus moral. Cette pause a donné Perfect Vision (paru en juin dernier); un bon premier album solo pour la meneuse. Mais de son propre aveu, ses amies lui ont manqué terriblement et, pour cette raison, elle les a convoquées pour amorcer un nouveau processus de création sous la bannière Chastity Belt.
Voilà que vendredi dernier était lancé le quatrième album éponyme du groupe. Avec l’aide de l’excellente Melina Duerte à la réalisation – alias Jay Som – Chastity Belt nous présente une création qui, aux premières écoutes, semble linéaire et pratiquement sans vie. Une disque qui prend un certain temps à se révéler.
Chastity Belt nous fait toujours entendre ses superbes guitares arpégées – manifestement influencées par le travail de Lee Ranaldo et Thurston Moore chez Sonic Youth – mais avec nettement moins de saturation que sur les précédents efforts. L’interprétation de Shapiro est posée (un peu trop peut-être ?) et d’une indéniable maturité. Pas cette sagesse qui ennuie, mais plutôt celle qui porte à une saine introspection.
Cet album éponyme est d’une simplicité désarmante et pourrait se résumer ainsi : quatre filles qui se retrouvent avec joie afin de faire ce qu’elles aiment le plus dans la vie… de la musique ! Pour la vaste majorité des groupes, les chansons issues de ce genre de démarche, dépourvue de prétention, pourraient verser dans une platitude sans nom. Sans que ce soit un disque exceptionnel, cette nouvelle production est un agréable périple rock, en mode apaisé.
Parmi les bons moments, on vous invite à prêter l’oreille plus attentivement à Effort; une des pièces plus « abrasives » de l’album mettant en vedette un émouvant violon. It Takes Time est une plongée réussie dans le shoegaze. Pissed Pants fait penser au Deerhunter désormais domestiqué et Half-Heated aurait pu paraître sur l’album Washing Machine de Sonic Youth paru en 1995.
Chastity Belt nous présente un très bon disque traitant de l’importance de prendre soin de son corps et de son esprit, surtout lorsque l’insouciance rend l’âme pour faire place à la proverbiale « maturité »… celle qui est prescrite en société, mais qui réflexion faite, n’apporte qu’angoisse et désillusion.