Critiques

Charlotte Cardin

99 Nights

  • Cult Nation
  • 2023
  • 39 minutes
7,5

Le temps a été élastique pendant quelques années. Il semble que c’est hier encore que Charlotte Cardin lançait Phoenix qui confirmait qu’on avait à affaire à une vedette de la pop qui pouvait rivaliser avec celles venues des États-Unis. Mais voilà, ça fait déjà deux ans et demi! Charlotte Cardin revient avec un album qui aurait été écrit et produit au cours de l’été 2021 alors que la protagoniste se sentait déconnectée de la réalité avec sa nouvelle vie et la folie de sa carrière qui prenait son envol. Il n’y a pas que ça, elle a avoué dans les entrevues données en amont de la sortie qu’elle vivait aussi une période de remise en question amoureuse.

C’est exactement toutes ces choses qui se retrouvent sur 99 Nights. L’album est signé Charlotte Cardin, mais elle n’est pas arrivée seule à ses fins. On y retrouve un noyau créatif de Jason Brando, Lubalin et Mathieu Sénéchal qui mettent leur main dans l’écriture de presque toutes les chansons. Même si l’autrice-compositrice-interprète a décidé de s’installer à Paris, c’est Montréal qui occupe la belle place sur cet album où les collaborateurs invités sont notamment Skiifall, Patrick Watson et Gabriel Godbout-Castonguay, entre autres. Le tout est complété par quelques producteurs à la longue feuille de route dans les sphères de la grosse pop commerciale. Heureusement, Cardin ne tombe pas dans le piège de leur laisser trop de contrôle sur le produit final.

Charlotte Cardin a encore le don de créer des mélodies aux tournures pop-soul efficaces et elle le démontre habilement avec Jim Carrey. Le refrain est entraînant à souhait et la Québécoise trouve le moyen de nous parler d’un sujet quasi tabou chez les vedettes : l’ego. Même son de cloche sur Looping qu’elle a aussi lancé en amont de la sortie de l’album.

Il y a quelques chansons qui se tournent vers des sonorités qui rappellent un sens du grandiose que les groupes de folk-pop utilisaient beaucoup il y a dix ans. C’est le cas sur le cas sur Enfer qui, judicieusement, ne met pas sa voix à l’avant dans le mix du refrain. C’est plutôt rare dans la pop, mais ça marche. C’est le même procédé qui s’applique à la chanson-titre qui trouve le moyen de faire oublier la guitare un peu trop mielleuse qui la traverse. Heureusement, une bonne grosse basse nous la relègue un peu à l’arrière-plan.

Parmi les angles intéressants qu’elle prend sur 99 Nights, il y a celui de Someone I Could Love qui dit grosso modo : au secondaire, je te trouvais ordinaire, mais là… t’es donc ben rendu hot. Ça conviendrait dans un film avec Freddy Prinze Jr. Daddy’s A Psycho est aussi une tangente audacieuse et rendra sûrement le souper de Noël un peu malaisant l’an prochain. Finalement, Charlotte Cardin termine l’album avec une ballade signée de sa main et de celle de Patrick Watson. C’est un peu du déjà vu dans la proposition, mais c’est bien livré.

Un second album qui confirme que Charlotte Cardin fait les bons choix et qu’elle ne perd pas de vue une rigueur dans l’écriture et la composition. Visiblement, elle et son groupe de création ont trouvé le bon chemin pour créer des pièces qui résonneront sur les grandes scènes internationales au cours des deux ou trois prochaines années.

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