Elle s’est fait attendre Charlotte Brousseau. 4 ans et demi se sont écoulés depuis son EP Boucles. Entre les deux sorties, elle a fait les demi-finales des Francouvertes en 2022, fait le parcours du Festival en chanson de Petite-Vallée, puis refait les Francouvertes cette année. À travers le tout, de nombreux concerts et des simples qui sont sortis ici et là, dont l’excellente Pour endormir nos colères en marchant.

Voici qu’elle présente son premier album, Plus de fleurs que de fleuve, en référence, peut-être, à l’espoir que de nouveaux bonheurs émergent plutôt que de voir l’eau couler sous les ponts constamment. Elle y offre un folk bien arrangé, poétique, où les mélodies sont efficaces. Pour réaliser cet album, elle a travaillé avec Antoine Corriveau qui connaît bien ce genre de panorama musical. Le résultat final reste fidèle à Charlotte Brousseau qui y chante les peines du quotidien et les faits divers inusités.

J’entends la neige, une pièce délicate, mais aussi ancrée dans une situation qui semble particulièrement difficile émotionnellement est un beau portrait des zones où Charlotte Brousseau excelle. C’est relativement simple au cœur de la chanson : elle, sa voix, sa guitare. Mais les arrangements qui viennent l’accompagner et colorer la pièce sont bien dosés.

Si, sur son premier EP, ça manquait peut-être un peu d’énergie par moment, elle remédie à tout ça sur Plus de fleurs que de fleuve. C’est vrai sur l’entraînante Au bout de ma rue ou encore sur la surprenante La baleine qui reprend l’histoire de la fameuse baleine à bosse qui s’était aventurée près de Montréal avant de trouver la mort dans les eaux dangereuses de ce bout du fleuve. Parmi les autres pièces, mais qui penche davantage vers un folk expérimental, on retrouve Te dire.

Charlotte Brousseau trouve aussi le moyen de peindre des toiles assez limpides tout en restant poétique. C’est vrai pour Entre les balcons qui commence en délicatesse et qui prend son envol à la manière de l’excellente Pour endormir nos colères marchant. Ces deux pièces offrent de très bonnes mélodies vocales où Brousseau brille.

Plus de fleur que de fleuve ne réinvente pas la roue, mais offre de très beaux moments musicaux. Charlotte Brousseau arrive avec un album qui a un bon équilibre entre la douceur et le muscle, qui sait quand se faire délicat et quand s’envoler. Si le folk orchestral vous parle, vous aurez certainement du plaisir avec ce premier album de l’autrice-compositrice-interprète de Québec.