
Car Seat Headrest
The Scholars
- Matador Records
- 2025
- 71 minutes
Car Seat Headrest a commencé sa carrière de manière hyperactive en lançant plusieurs albums en solo rapidement avant de reprendre le contrôle à partir de Teens of Denial. Les premières années en formation complète avec Ethan Ives, Andrew Katz et Seth Dalby ont aussi été fastes. Mais voilà qu’entre la sortie de Making A Door Less Open et The Scholars, cinq ans se sont écoulés. Entre les deux, le groupe a repris la route en 2022 avant d’attraper la COVID qui a particulièrement été maligne pour Toledo et Katz. À nouveau, le groupe a dû prendre une pause en raison de complications de santé de Toledo.
Finalement, tout ce beau monde a retrouvé la santé et a commencé à jammer ce qui allait devenir The Scholars, un imposant opéra rock de 70 minutes qui se présente comme une épopée médiévale où deux écoles, une université et une école de clowns en viennent à une opposition sur fond de remise en doute de la foi et une quête existentielle. Au final, on se retrouve davantage devant une suite de chanson menée par des personnages qui sont plus ou moins clairs si on ne plonge pas dans l’interprétation que le groupe veut y donner.
Par contre, si les frontières de ce projet et du concept sont un peu poreuses, ce qui en émerge sont d’excellentes pièces de Car Seat Headrest qui revient à une facture sonore près de ce qu’il offrait sur Teens of Denial et Twin Fantasy (Face to Face). Cette tendance s’affirme dès la première pièce de l’album CCF (I’m Gonna Stay With You). La fin de la pièce est particulièrement typique de Car Seat Headrest alors que la mélodie vocale efficace de Toledo prend une place centrale. La pièce est une aventure de huit minutes douze qui donne aussi une idée de ce qui nous attend sur l’album.
Il faut dire que le premier extrait était aussi assez clair. L’excellente Gethsemane qui a été lancée en amont de la sortie proposait près de onze minutes de musique convaincante. Celle-ci a déjà créé un clivage parmi les fans et les critiques, certains se plaignant de la trop longue durée. La pièce a un petit côté à la Drunk Drivers/Killer Whales en faisant des transitions adroites en jouant sur des motifs qui se complètent et se répondent.
Le groupe pousse l’exploration de la longue forme plus loin en enchaînant avec Reality, une autre pièce qui passe le cap des dix minutes. Cette fois-ci, Ethan Ives et Toledo s’échangent le chant. Bien qu’il n’est pas mauvais, on peut dire qu’Ives n’a pas le talent de Toledo pour la mélodie vocale. Cet échange vocal se répète sur Planet Desperation, une pièce de près de 19 minutes. Ives y parait mieux dans son rôle. D’ailleurs, chacun des membres de la formation chante sur cette pièce épique qui offre de beaux moments alors que, Car Seat Headrest chante le directeur de l’université Hyancinth qui a été empoisonné la veille d’une attaque de clowns et qui observe la destruction. Honnêtement, si on enlève le concept un peu trop abstrait et compliqué, la pièce offre de très beaux moments musicaux et une progression épique.
The Scholars ne propose pas seulement des pièces de longueur considérable. On y trouve aussi des morceaux remarquables d’une durée inférieure à 5 minutes, comme Devereaux, où Toledo excelle dans ce qu’il fait de mieux. Je ne serais pas surpris que ça devienne un classique de la formation. The Catastrophe (Good Luck With That, Man) offre le moment le plus musclé sur l’album. C’est terriblement efficace et ça donne envie de faire un petit moshpit entre amis. True/False Lover qui termine l’album, est aussi une pièce fort efficace pour terminer l’aventure The Scholars.
Bref, on peut dire que ce nouvel album de Car Seat Headrest est touffu. Trop? Musicalement, non. C’est intéressant et il offre des pièces plus convaincantes que Making A Door Less Open et revient à des sonorités qui avaient charmé sur Teens of Denial et Twin Fantasy. Là où c’est moins efficace, c’est au niveau de la trame narrative compliquée et de ce concept un peu grandiloquent qui peine à s’exprimer pleinement à travers les chansons. Ce qui est bien par contre, c’est que les pièces fonctionnement bien indépendamment de l’ombrelle du projet.