Critiques

BONES UK

BONES UK

  • Sumerian Records
  • 2019
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Le 12 juillet dernier, le torrent impétueux du duo BONES UK s’est abattu sur le monde musical, avec son premier album homonyme. Un brin provocateur, exaltant et révolté, celui-ci apporte du sang frais, éclosant à travers des chansons électro/industriel-rock comportant quelques notes de blues. 

La voix de Rosie Bones est un diamant brut. Sulfureuse, elle est de la trempe d’une Brody Dale, un peu moins thrash. Elle évoque aussi Maria Brinks de In This Moment, sans «criage» intense toutefois. À travers un son qu’elles appellent le «future rock», des riffs tapageurs et une énergie un peu effrontée, les deux femmes dénoncent le sexisme avec des «chansons-slogans» de type We can do it!, comme des majeurs levés envers le patriarcat. Notamment avec Beautiful is Boring, elles remettent en question les idéaux et moules trop exigeants de la beauté féminine. Elles parlent également de masculinité toxique et du sexisme dans le milieu de la musique, dans d’autres chansons comme Girls Can’t Play Guitar. 

« They said they did not want my face in their magazine
Cause I’m not beautiful
Am I the most fucking fantastic freak you’ve ever seen?
Did I make you scream? »

– Pretty Waste

Le producteur Filippo Cimatti, derrière l’alchimie électronique de cet opus, a fait un travail remarquable. I’m Afraid of Americans et Limbs utilisent le même type de sonorités que certains albums de rock industriel contemporain, comme Technomancy de Victor Love (cerveau des groupes Master Boot Record et Dope Stars Inc.). L’ensemble rappelle également Nine Inch Nails (époque With Teeth) évidemment féminisé à cause de la voix, mais tout aussi destructeur.

L’audacieuse Pretty Waste figure sur la bande-annonce du film Anna (réalisé par Luc Besson). Une pièce de choix pour ce thriller, où séduction et scènes de combat se côtoient dans un univers glamour… Leach démontre des influences hispaniques, inspirées de guitare flamenco, tandis que Rosie Bones joue avec différents accents anglais sur I’m Afraid of Americans, superbe reprise de Bowie. On dénote aussi le haut potentiel commercial de l’album à travers la rêveuse Souls, qui apparaît comme un début de coucher de soleil. Skeletone tire un peu plus sur le blues, avec son solo intense. C’est l’un des seuls morceaux «bluesy», à part sur Girls Can’t Play Guitar. Cette dernière est d’ailleurs une sorte de I Love Rock ’N’ Roll actualisé, où la guitare se fait plus lourde et imposante. Cet instrument aurait pu être mis davantage de l’avant durant tout l’album, car il reste assez discret malgré tout.

« Call me vicious, call me violent
You can call me silent, you can call me lamb
Call me perverted, call me perfect
You can call me woman or call me man »

Creature

Le rythme de l’album est soutenu comme un marathon, qui se casse toutefois momentanément pour la ballade déchirante Black Blood, où foisonnent de sanguinolents violons et une guitare acoustique. Aussi, on aurait pu se passer d’une version alternative de Filthy Freaks, située à la toute fin, celle-ci n’apportant rien de vraiment nouveau. 

Bref, voilà un album composé de pièces efficaces, qui risque de briser des vertèbres cervicales. Le savoir-faire technique de Carmen Vandenberg et la voix puissante de Rosie Bones créent des chansons sans fioritures, mais très soignées. Il était temps qu’arrivent des musiciennes avec ces revendications dans ce style.

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