Critiques

Bloodiest

Bloodiest

  • Relapse Records
  • 2016
  • 44 minutes
8
Le meilleur de lca

BloodiestBloodiest a fait paraître en janvier un furieux album homonyme. Furieux comme dans pas mal bon. Mais voilà, j’essaie depuis sa parution de vous en parler dans les bons mots sans trop de succès. Car il s’agit d’un album dense qu’on n’assimile pas dès les premières écoutes. Une des raisons de cet état de fait tient dans le caractère cérébral de la musique du groupe, un aspect qui n’empêche pas pour autant les musiciens de relâcher rage sauvage et brutalité crue. La musique de Bloodiest est donc comme un jeu constant de rééquilibrage entre ses deux pôles: entre raison et bestialité.

Les deux pôles de ce spectre se ressentent aussi dans les influences manifestes de Bloodiest: ils pataugent dans les univers de Swans et de Neurosis en jonglant avec les lents déploiements narratifs et mélodiques, les structures atypiques, la maîtrise d’un vaste répertoire de genres et de techniques, et une globale noirceur dans le propos et la réalisation.

Prenez les pièces qui servent d’interludes ou les chansons de folk cassé comme Condition. On retrouve le flair de Micheal Gira (Swans) dans le chant de Bruce Lamont tout comme on reconnaît certains éléments de la bande à Scott Kelly sur les morceaux plus gras: notamment pour la présence d’électronique et autres bidouillages noisy qui ont fait la renommée de Noah Landis au sein de Neurosis.

Mais ce serait réducteur que de parler de Bloodiest qu’à travers ce canal. Car voyez-vous, Bloodiest vient de Chicago, et il y a vraiment quelque chose de différent avec les groupes de post-métal de la Ville des Vents. Le lourd est plus lourd (Pelican), le noir est plus noir (Minsk) et l’expérimental est encore plus fucké (Locrian) qu’ailleurs.

Bongripper, The Atlas Moth, Russian Circles, pour ne nommer que quelques autres groupes locaux, sont la preuve que le travail du son en Illinois se fait en ne négligeant aucun élément. Et si un point pouvait rassembler tous ses artistes, il faudrait que ce soit pour leur éthique de la totalité.

Et au-delà du son de Chicago, si une telle chose peut être dite, Bloodiest embrasse cette approche acoustique du post-métal, pigée dans différents courants païens européens et, plus près d’eux, chez Earth et Yob.

Bref.

À 44 minutes pour 8 morceaux Bloodiest est un album exigeant, mais qui n’en demande pas trop finalement (si on pense aux récents efforts de Swans par exemple). Ça respire autant que ça mord (Mesmerize, Broken Teeth, Separation, He Is Disease). On y communie comme un y pèche également (The Widow, Suffer).

À écouter les yeux fermés avec un bon casque d’écoute et on y découvrira chaque fois de nouveaux éléments.

Ma note: 8/10

Bloodiest
Bloodiest
Relapse
44 minutes

https://www.facebook.com/BloodiestBand/?fref=ts

https://bloodiestband.bandcamp.com/track/broken-teeth

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