Blonde Redhead
Barragan
- Blonde Redhead / Sony Music
- 2014
- 42 minutes
Le cycle Blonde Redhead est à nouveau lancé, avec la sortie en ce début septembre de ce Barragán, leur neuvième opus en vingt ans de carrière; si le trio new-yorkais soufflait la braise musicale avec plus d’insistance dans les années 90 – les cinq premiers albums nous sont arrivés dans un intervalle de six années -, il est maintenant de mise de patienter un peu avant d’entendre la voix de Kazu Makino chanter d’un filet aigu de nouvelles compositions, sous les arrangements bien pensés des frères jumeaux Amadeo et Simone Pace.
Derrière la console, on retrouve à nouveau Drew Brown, réalisateur émérite (Beck, Atoms For Peace, Radiohead, Charlotte Gainsbourg) qui avait tracé la ligne de Penny Sparkle, l’album précédent du trio, sorti en 2010. Nous voici donc, sur ce Barragán, dans cette recherche de simplification des couches sonores déjà entamée il y a quatre ans. Blonde Redhead s’accroche à cette idée que le mur sonore peut se construire autour de quelques éléments seulement et non pas en utilisant systématiquement une addition des instruments.
Si le digital et le synthétique, les claviers et autre boîte de bourdonnements (drone box) ont marqué la musicalité du précédent disque davantage que la guitare et autres instruments plus traditionnels, il en va autrement cette fois: c’est avant tout vers les sonorités analogues que se tourne le trio pour faire mousser la musique de leur petit dernier.
Certes, il y a encore ici à entendre du bidouillage et de l’échantillonnage, mais la place première est d’abord laissée aux instruments tels que la guitare, la batterie, la basse, de même que la mandoline, le clavecin et le mellotron.
La pièce Dripping se veut un exemple frappant de cet amalgame où l’analogue prend le dessus sur le digital. C’est d’abord et surtout pour la ligne de basse et le tempo battu à la batterie que la chanson nous fait taper du pied. Mais, en fin de parcours, voilà que s’ajoutent des sonorités numérisées, complétant parfaitement l’offre.
Même procédé sur No More Money, où cette fois, en plus de la basse, se sont ajoutés des accords d’une guitare électrique qui accompagne la voix oscillante de Makino, avant que quelques notes restructurées d’un clavier et l’ajout de bruits ambiants viennent chambouler la conclusion de cette pièce.
En somme, voilà un Blonde Redhead tout en contrôle des éléments, qui ne cherche plus à impressionner (déstabiliser?), mais plutôt à favoriser la contemplation auditive. C’est apprécié.
*Blonde Redhead sera au Club Soda, à Montréal, le 28 novembre.
Ma note: 7,5/10
Blonde Redhead
Barragán
Blonde Redhead/Sony Music
42 minutes
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