Critiques

Big Brave

OST

  • Thrill Jockey Records
  • 2025
  • 45 minutes
6,5

Un album qui doit être entendu comme conceptuel. Un univers singulier, ambiant et plutôt homogène, composé avec un talent phonique appréciable, qui marque une sorte de parenthèse dans la discographie de BIG|BRAVE, sans pour autant en perturber la cohérence.

Ce trio montréalais composé de Robin Wattie, Mat Ball ainsi que Tasy Hudson est une figure avérée de la scène lourde, doom et expérimentale, des dernières années. Par ses propositions qualifiables de « minimalistes massives », BIG|BRAVE, fort de ses racines folk acoustiques, s’est introduit en 2014 à l’aide de Feral Verdure, une exploration sonique pesante sur Build a Fort, pour ensuite enchaîner les sorties notables chez Southern Lord jusqu’à son arrivée chez Thrill Jockey en 2021. Nous ayant laissés sur un précédent album généralement apprécié (A Chaos of Flowers, 2024), l‘ensemble post-métal apocalyptique adopte ici une approche qui diffère de ses traditionnels immenses murs distorsionnés, bien que sensibles et fragiles, pour un style sobrement étranger à leurs propositions antérieures.

Pour OST, une plus grande liberté de forme est adoptée, où chaque membre n’utilise plus nécessairement son instrument usuel. C’est par ailleurs autour d’un instrument conçu par Mat Ball, à trait d’une longue table d’harmonie, qu’oscille l’enchaînement des pièces innominate (sans nom), simplement numérotées. Ce fil conducteur peut être retrouvé de près ou de loin, au fil de l’opus, qui est agrémenté de certaines touches de Wurlitzer, synthétiseur, trames de guitares et autres instruments accessoires au caractère austère et énigmatique de l’album.

Un accord textural intéressant, où chaque spasme audible s’inscrit justement dans son univers. Une démarche qui se révèle sur innominate ii;chargé d’un ensemble d’instruments à clavier servant de fondation aux complaintes vocales qui y sont inscrites, menées progressivement vers une cime sonore bruyamment vibrante. Idem pour innominate vi, qui varie autour d’une boucle de bande invoquant le mantra, percée de différents éclats stridents et glacials issus de « l’instrument », s’apparentant à une sorte de méditation tourmentée et sinistre.

Cette liberté créative adoptée par le groupe permet une certaine prise d’indépendance de forme et de particularités sonores. Elle se ressent au sein des différentes pistes, d’où émanent un caractère plus ambiant et relatif à la création d’environnements. C’est dans un dédale de pièces assez lugubres et sombres que se retrouve plongé l’auditeur, en immersion profonde. Une œuvre à caractère évident de bande sonore, qui s’avère avoir été composée en ce sens. « Une trame sonore pour un film qui n’existe pas [encore] ». Ces différents environnements cinématographiques se succèdent et s’alternent, développant des horizons intérieurs, tantôt teintés d’inquiétude et de peur, tantôt de fragilité, pour projeter son public au sein d’une excursion immersive.

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