Critiques

Betty Bonifassi

Betty Bonifassi

  • L-A be
  • 2014
  • 44 minutes
7

Betty-Bonifassi-Betty-Bonifassi-PochetteLa chanteuse montréalaise, née à Nice en France, nommée Betty Bonifassi, lançait récemment un solo éponyme dérivé de son projet Chants d’esclaves, chants d’espoirs présenté en juillet dernier au Festival international de Jazz de Montréal. Betty Bonifassi nous propose des relectures modernisées de chants conçus par des esclaves afro-américains (humiliés dans les années 20 par de nombreux suprématistes blancs) afin de supporter la cadence de travail intolérable et totalement abominable.

Reconnue internationalement grâce à son interprétation de la chanson-thème du film d’animation Les Triplettes de Belleville, la fébrile chanteuse a également accompagné Champion et a fait partie de l’excellent duo électro/funk/rock Beast qui mettait à l’avant-scène le percussionniste/sitedemo.caucteur Jean-Philippe Goncalves. C’est dans cet univers «bestial» que les chansons proposées sur cette offrande ont été modulées. Les adeptes de Beast ne seront absolument pas dépaysés.

Au menu? De l’électro, du rock, des éléments funk, mais surtout cette interprétation enfiévrée, enflammée et frénétique ainsi que cette voix si percutante de Betty Bonifassi qui bonifie à elle seule ces relectures. Une chanteuse exceptionnelle, s’il en est une! Malgré la modernité de l’exercice, Bonifassi insuffle une ferveur sans équivoque à ces chants et qui permettra au mélomane, qui méconnaît ces hymnes, de faire connaissance avec ces «worksongs» colligés à l’époque par le musicologue Alan Lomax.

À la coréalisation? Les excellents JF Lemieux et Alex McMahon qui ont su mettre à l’avant-plan la personnalité et les inflexions vocales de la chanteuse. Seul petit bémol? La formule musicale prescrite s’apparente beaucoup à celle entendue chez Beast, mais rien qui lasse puisque Bonifassi fait le travail avec respect et éloquence. Bonifassi modernise ces chants tout en rendant un vibrant hommage à tous ces résilients afro-américains qui ont subi les affres de l’esclavagisme.

De temps à autre, on aurait préféré un peu moins d’éléments synthétiques et plus de sonorités salopées (guitares crasseuses, folk brinquebalant, etc.), mais rien qui n’est venu amenuiser notre appréciation. Parmi les brûlots affectionnés, on a noté la minimaliste Prettiest Train, la cathartique Grizzly Bear, le groove forçant le hochement de tête sur No Coffee, la version cadencée de Black Betty qui se situe à des milles de celle de la formation Ram Jam, la fédératrice How Does It Feel de même que le quasi-gospel Old Hannah.

Certains pourraient faire la fine bouche devant le «revampage» contemporain de ces chansons issues du terroir états-unien, mais ici, on salue l’effort, la prise de risque, et surtout, l’interprétation noble et ardente que Betty Bonifassi sitedemo.caigue à ces morceaux. Voilà une création qui met en lumière l’immense talent d’interprète de la chanteuse. Un disque qui se veut rassembleur et qui permettra à ces chansons de se rendre peut-être aux oreilles du plus grand nombre, qui sait?

Ma note: 7/10

Betty Bonifassi
Betty Bonifassi
L-A Be
44 minutes

bettybonifassi.com

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