Critiques

Ben Vida

Slipping Control

  • Shelter Press
  • 2014
  • 35 minutes
6

CS2446215-02A-BIGBen Vida est de ces musiciens qui abordent la musique et les sons d’un angle inhabituel. Même à l’époque où il jouait guitare, claviers et saxophone au sein du groupe post-rock Town & Country, Vida savait mettre le doigt sur les combinaisons de fréquences atonales pour obtenir une texture et une curieuse impression de présence physique. Si Vida utilisait à l’époque ces techniques pour agrémenter un rock feutré et lugubre, il a depuis délaissé la mélodie traditionnelle pour plonger à fond dans un univers synthétique. La texture et la tangibilité sont maintenant sa matière première, et le synthé est devenu son instrument de prédilection.

J’avais été très impressionné par ce que Vida a accompli sur l’album esstends-esstends-esstends en 2012. Le sensation physique des ondes sonores y était merveilleusement maîtrisée, créant littéralement la sensation de déplacement des sons dans l’espace et entre les oreilles.

Esstends n’était qu’un des nombreux projets concurrents de Ben Vida au cours des dernières années. Après quelques installations sonores et des collaborations diverses, il nous revient avec un album de motifs insistants interprétés par des synthés et diverses voix. Quand les voix sont à l’avant-plan, le résultat est très similaire à la poésie phonétique dadaïste de la première moitié du 20e siècle, notamment l’Ursonate de Kurt Schwitters. Des séries de syllabes sont répétées de nombreuses fois, avec des ajouts et retraits, comme si la voix cherchait la parfaite configuration d’un motif de charabia. Les voix sont réduites à de simples sons, à enchaîner et à manipuler comme ceux des synthés.

Vida a sans contredit une grande aisance avec les synthés analogiques, et ses concepts ont toujours quelque chose d’intéressant, mais il est difficile de le recommander au mélomane moyen, ses albums tenant plus de la sculpture sonore que de la musique. Ses compositions sont peut-être plus à leur place dans une installation ou une galerie d’art que dans un casque d’écoute, où même seulement 35 minutes de ces motifs peuvent sembler s’étirer en longueur. S’il poussait ses explorations dans des territoires plus lugubres ou plus tendus, il sitedemo.cauirait au moins des réactions plus viscérales et grisantes. Ici, malgré la collaboration de Tyondai Braxton et une intention qui semble un brin irrévérencieuse, Slipping Control demeure juste un peu guindé.

Ma note : 6/10

Ben Vida
Slipping Control
Shelter Press
35 minutes

benvida.blogspot.ca/

[youtube]http://youtu.be/RI0qsG0jAUI[/youtube]