Critiques

Bells Larsen

Blurring Time

  • Royal Mountain Records
  • 2025
  • 27 minutes
8
Le meilleur de lca

Bells Larsen, l’auteur-compositeur-interprète, né à Toronto et vivant maintenant à Montréal depuis quelques années, lance son deuxième album intitulé Blurring Time. Son précédent, Good Grief, est paru en 2022. Depuis, de grands changements se sont déroulés dans la vie de l’artiste. Né femme, il a transitionné à homme. Sur Blurring Time, il ne cache rien alors qu’il joue ouvertement sur cette transition, allant même jusqu’à faire chanter ses deux voix ensemble, celle d’avant la testostérone et celle d’après. Une candeur atypique alors que le passé est souvent occulté pour quelqu’un ayant fait une transition, pour des raisons tout à fait compréhensibles : ça peut être souffrant, alors qu’on cherche à affirmer son identité renouvelée, de se faire rappeler une identité qui ne nous allait pas. Sans parler des effets secondaires des hormones et de toutes les émotions qui accompagnent ce processus ardu. Bells Larsen, au contraire, plonge tête première dans la question.

Il pousse même l’audace à avoir enregistré les chansons avec sa voix avant la transition et celle d’après. Les deux se fondent à merveille l’une à l’autre et donnent un duo impossible qui a le mérite de vivre sur album. Marqué par l’empathie, la douceur et la sensibilité, Blurring Time relate un moment particulier, difficile et une étape que peu de personnes vivent. Par contre, à travers ses paroles savamment choisies, ses narratifs efficaces et son interprétation efficace, Bells Larsen réussi à nous faire vivre en partie ce grand bouleversement.

S’il y a une chose qui marque sur Blurring Time, c’est la petite tangente Elliott Smith qui se dégage de sa voix d’homme. C’est particulièrement présent sur la mélodieuse et mélancolique 514-415. Encore une fois, Bells Larsen évoque la transition dans le fil narratif de la pièce :

When we met I was a girl
Since then so much has changed
I could be your lover boy
You’d still look at me the same

S’il aborde la transition, il aborde aussi l’œil des autres qui le regarde autrement et parfois… pas tout à fait. La magnifique Questions creuse dans la même veine. Ce n’est pas la seule pièce qui frappe dans le mille : c’est le cas pour The Way the Winds Blow qui parle de solitude ou encore Might qui plonge dans les insécurités qui entourent la transition :

My voice might get deep
I might bruise my knees

Bells Larsen est aussi un francophile notable et, maintenant, on peut dire qu’il est bilingue. On l’entend à deux occasions sur Blurring Time. Calme Incertain offre une balade folk douce et une deuxième fois dans 143, une pièce d’amour romantique franchement efficace.

Bells Larsen plonge dans de grandes questions et de grands tumultes avec un courage surprenant sur Blurring Time. En plus de traiter poétiquement de choses sensibles avec un doigté surprenant, il le fait sur un folk doux et mélodieux. Un album franchement convaincant pour les fans d’Elliott Smith et Sufjan Stevens.

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