Les Barr Brothers, Andrew et Brad, sont de retour 8 ans après Queen of the Breakers. Une pause, sur album du moins, qui semble une éternité. La dernière fois qu’on avait eu concrètement des nouvelles de la paire, c’est en 2020, alors qu’elle avait participé au party du Nouvel An en ligne. Au cours des deux années précédentes, le duo avait tourné ses albums en entier, fait un split live avec Patrick Watson et surtout commencé à exister sans Sarah Pagé qui a quitté la formation en 2017 après la sortie de l’album.

Puis, la pandémie a aussi insufflé son lot de changement alors qu’Andrew Barr est devenu batteur pour Feist puis pour Mumford and Sons. De leur aveu, pour arriver à Let It Hiss, les deux frères ont dû défaire certaines tensions qui s’étaient accumulées. Le travail qui a commencé en 2022 pour la composition de Let It Hiss, avait commencé avant même ça. Comme il l’a confié à Sylvain Cormier dans Le Devoir, Brad Barr a fait du ménage dans ses dépendances pour assainir son processus créatif.

On peut dire qu’à l’écoute de Let It Hiss, la première chose qui frappe est le tournant rock que la formation effectue. C’est beaucoup moins folk et contemplatif que leur début de carrière. Une trajectoire qui était déjà en place avec Queen of the Breakers, mais ici, on y va beaucoup plus. Run Right into It est un bon exemple de cette nouvelle tangente plus rock et plus pop que The Barr Brothers prend. Et ça leur va bien. Il faut dire que la paire s’est très bien entourée pour faire la transition. Dans la chanson, on retrouve Patrick Watson qui a contribué aux paroles, Elizabeth Powell (Land of Talk) à la voix, François Lafontaine aux claviers et La Force aux chœurs, pour ne nommer qu’eux.

The Barr Brothers ont aussi retenu les services d’Eveline Grégoire Rousseau qui assure une continuité dans le son de harpe si rattaché au groupe. Si des invités viennent appuyer les deux frères, ceux-ci leur ont fait de la place pour vrai. Comme Klô Pelgag, qui vient chanter sur Moonbeam et qui a participé à l’écriture de la pièce. On retrouve Pelgag en sobriété et sa force d’interprétation se colle à celle de Brad Barr. Le résultat est franchement convaincant. On retrouve aussi Jim James, qui rejoint la formation avec Arc Iris pour English Harbour, une autre pièce fort réussie qui rappelle davantage les créations du passé de la formation.

Quand le duo se retrouve seul, il revient à la bonne vieille formule qui avait charmé par le passé. Another Tangerine est du Barr Brothers pur jus. Il faut dire que la proposition trouve tout de même le moyen d’arriver avec son lot de fraîcheur, peut-être parce que le reste de l’album est différent de ce qu’on pouvait attendre.

Dans toutes ces aventures, il y a aussi des pièces qui détonnent. Comme Upsetter qui termine l’album qui va dans une direction de rock plutôt classique et qui sonne plus près d’un mélange de Queens of the Stone Age et Jet. C’est si surprenant. La pièce est bonne en soi. Mais elle est jure par rapport à tout le reste.

C’est un très bon album que proposent les Barr Brothers et cette nouvelle direction qui garde quand même certains éléments du passé lui va très bien. De plus, les pièces étant un peu plus dynamiques, ça risque de donner des concerts qui seront très plaisants.