Critiques

Barbagallo

Danse dans les ailleurs

  • Audiogram
  • 2018
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Surtout connu à l’international pour son travail de percussionniste au sein de la formation australienne Tame Impala ou pour son rôle avec Aquaserge, le français Julien Barbagallo s’est plutôt démarqué pour ses albums solos. Après Amor de Lohn, paru très indépendamment chez La Souterraine, chez nous cousins français, puis Grand Chien édité par Audiogram au Québec, Danse dans les ailleurs s’annonçait comme l’album de la consécration pour la carrière de Barbagallo dans la francophonie et même ailleurs. Soulignons quand même que le français connaît un certain succès d’estime en Angleterre notamment.

Cette dichotomie entre les différentes carrières de Barbagallo n’est pas liée au simple hasard. C’est que les multiples groupes et projets auxquels il a pu collaborer à travers les années l’ont influencé dans sa façon de concevoir la musique et de la jouer. Dans cette optique, on peut justement penser à L’échapée, premier simple tiré de son plus récent effort. Écrite il y a dix ans, à l’origine en anglais, alors qu’il jouait encore avec la formation toulousaine Hyperclean, la chanson fut partiellement réinventée pour mieux s’intégrer au nouveau son du multi-instrumentiste, qui joue lui-même la plupart des instruments que l’on retrouve sur Danse dans les ailleurs.

Barbagallo trace aujourd’hui son propre son, inspiré par la musique de son Occitanie rêveuse et imaginaire, dont il ne cesse de traiter dans ses productions. Cette Occitanie, légère, estivale, vieillotte et onirique, vient donner un caractère justement fort différent à tout ce que fait son inventeur. Avec une basse souvent syncopée, bien cavalière, mais toujours très ronde, viennent se lier des percussions d’appoint, judicieusement placées au second plan. Ce qui domine, chez Barbagallo, c’est toujours cette mélodie décalée qu’il est si habile à écrire.

Loin de faire dans le classique, l’Albigeois joue souvent sur les sonorités plus recherchées et parfois presque dissonantes pour ses claviers et ses guitares, mais surtout pour sa voix. Barbagallo est l’un de ses chanteurs qui n’a pas une voix à tout casser, souvent presque étouffée et avec un registre quelque peu restreint, mais qui réussit tout de même à en optimiser l’utilisation grâce à un travail d’ambiance futé. Et au final, tout ça sert bien ses textes, dont la plume n’est plus à douter.

En termes de qualité, Danse dans les ailleurs surpasse de loin Grand Chien. Et même si je continue de préférer personnellement Amor de Lohn, un album plus intéressant pas sa naïveté et les thèmes qu’il explore, force est de constater que le troisième opus de Julien Barbagallo se démarque par ses qualités techniques et par la présence de grands hits. Pensez ici à Glisse ou à la jazzy Les mains lentes. Des chansons lentes qui prennent leur temps pour s’installer, mais qui restent douillettes et fabuleusement uniques.

Le musicien ne signe pas ici un album parfait, mais il réussit toutefois encore ici à fortifier un son difficilement descriptible ou comparable à d’autres artistes. Avec des ballades pop bien pensées et des ambiances caractéristiques, le français nous offre tout de même sur Danse dans les ailleurs un produit fini bien étonnant qui devrait en séduire plus d’un.