Critiques

Aramis

Pour semer la confusion

  • La Shoebox
  • 2022
  • 24 minutes
6,5

J’ai découvert Aramis avec la chanson Microdoses à la fin de l’année 2021. Cette chanson m’a accompagnée pendant plusieurs semaines pendant la période des Fêtes. Quand j’ai appris, à peu près en même temps, qu’un premier album, intitulé Pour semer la confusion, était prévu pour le début de l’année 2022, j’étais plutôt excitée. J’avais des attentes assez élevées qui ont malheureusement été déçues.

Tout d’abord, je m’attendais, si ce n’est qu’à retrouver Microdoses sur l’album, à y retrouver davantage de sonorités qui y ressemblent. Bien que je comprenne, après avoir écouté l’album plusieurs fois, que la pièce n’y avait pas sa place, j’aurais aimé qu’elle y trouve son chemin. Plutôt que d’y aller dans le mélange d’électro-pop avec une approche vocale inspirée du rap, Aramis a décidé d’y aller avec un mélange de pop léchée et de mélodies plus électroniques. C’est réussi, mais jamais aussi entraînant ou accrocheur que Microdoses.

Le groupe qui s’est fait découvrir aux Francouvertes 2020 a beaucoup changé en deux ans. Alors formé d’Uhriel Madran-Cyr, Jeremy Richer Légaré, Louis-Jean Rivest et Mickaël Gagné, Aramis est maintenant porté que par Madran-Cyr. L’extrait Vous paru en décembre dernier aborde d’ailleurs cette situation. On y entend entre autres Madran-Cyr y chanter « Seulement besoin de créer, ça me défoule », et c’est ce qu’on ressent sur Pour semer la confusion. Après seulement une écoute, on a l’impression que le long format est un collage de neuf pièces qui servent le besoin de créer pour lever la soupape d’un chaudron près de déborder. On sent qu’il manque une certaine direction artistique au projet.

J’ai pas besoin vous, mais j’me sens tout seul
There’s a part of me that broke, la trahison c’est un deuil,
I just feel on my own, I can make my own songs.
Plus libre qu’auparavant, c’est ma vie maintenant

Vous

On passe de sonorités organiques à électroniques sans relâche et sans avertissement. Les transitions sont inexistantes. L’album s’ouvre tout en douceur, avec des vocalises d’Aramis qui laissent entendre sa jolie voix. Parce qu’Uhriel Madran-Cyr a une saprée belle voix. Mais tout de suite après, nos oreilles se font happer par une trompette à laquelle on n’a pas eu le temps de se préparer entre deux vocalises et quelques notes de piano. On sent que la vingtaine de minutes de musique qui nous attend sera éclectique à souhait.

Il faut attendre la troisième pièce pour finalement entendre Uhriel Madran-Cyr chanter clairement. On retrouve des sonorités organiques, avec un piano tout en douceur qui détonne des sons électroniques si on compare avec Les lois, la pièce précédente. Qu’à cela tienne, Aramis démontre toute sa puissance vocale, en français et en anglais. Il pousse la note et monte dans les aigus. Puis, avec Joues d’hiver on est de retour dans les sons plus électroniques avec le drum machine qui ouvre la pièce. On y retrouve la voix de l’artiste un peu plus retenue ici, ce qui nous laisse une drôle d’impression quand on l’a entendu pousser la note juste avant. Puis, vers le milieu de la chanson, il reprend sa voix de poitrine et nous épate une fois de plus. La pièce se conclut étrangement. Aramis offre une performance vocale puissante, puis tout s’arrête. Une voix féminine demande « mais là, c’est quoi après? », questionnement suivi d’une finale en grande pompe. On aurait pu s’en passer.

Réalisé par Madran-Cyr, Pour semer la confusion propose de bons moments, une performance vocale solide et une production qui n’a rien à envier celle des artistes pop internationaux. Il manque seulement un peu de cohésion.

Crédit photo: Nicolas Benoit avec les photos de Axel Palomares