Critiques

Andy Stott

Never the Right Time

  • Modern Love
  • 2021
  • 41 minutes
7,5

Ça fait maintenant une quinzaine d’années que le Britannique Andy Stott compose de la musique électronique à saveur techno, dub et house. Ce qui a commencé par une réputation locale à Manchester est devenu au fil des albums un artiste qui se démarque de la séquence programmée avec son travail de spatialisation, spécialement à partir de l’excellent Luxury Problems (2012). À notre grand bonheur il a fait encore mieux sur Faith in Strangers (2014), en explorant des lieux sombres qui ne sont pas souvent visités en techno. Ça ne s’est évidemment pas arrêté là, mais les moules ont été repris presque tels quels sur Too Many Voices (2016, mais avec une sonorité années 90, et It Should Be Us (2019) sonnait comme une trame de club sans climatisation. Néanmoins, Stott revient ce printemps avec Never the Right Time, un septième album qui retrouve heureusement un équilibre entre la technique et les thèmes, toujours en compagnie de sa complice Alison Skidmore à la voix angélique.

Away Not Gone apparaît progressivement en écho à la guitare électrique, les cordes tapées sur un motif descendant et spatialisées comme dans une station de métro vide. Les notes s’égarent et le lieu devient habité par une trame de fond vaporeuse sur laquelle Skidmore chuchote une suite de souffles sur un ton mélancolique. Never the Right Time ressert le tempo à partir de fragments de guitare, de voix échantillonnées et d’une boîte à rythmes en mode hip-hop. La masse sonore s’épaissit et atteint une densité qui annonce un départ en fusée, mais le souffle expire comme un coup de vent et se termine en miettes percussives. Repetitive Strain rebondit à partir d’une boîte à rythmes années 80, accompagnées ensuite par une séquence à la flûte synthétique. On imagine pendant un instant des danseurs contemporains qui performent sous des lumières noires, et ça devient sincèrement entraînant lorsque le rythme ajoute une teinte dub à la séquence.

Don’t Know How reste déformé pendant un instant, comme une suite de frottements d’objets, et prend finalement son entrain sur un kick irrésistible et un thème électro-pop au-dessus duquel plane Skidmore avec sa voix filtrée en filament aérien. L’interlude When It Hits frappe justement avec ses accords de piano mixés comme dans un stade, enveloppés progressivement par une trame de fond. The Beginning s’articule autour d’un motif dissonant au synthétiseur, comme si la mélodie ramollissait par moment; la boîte à rythme new wave réactive l’effet rétro, appuyée vocalement par Skidmore.

Answers démarre étonnement sur la séquence rythmique d’une pièce de Faith In Strangers, No Surrender, comme une version remixée qui a été aspirée dans la boîte à effets. Heureusement, la ligne mélodique apporte du nouveau et donne même l’impression que ça va devenir épique, mais le thème reste imbriqué dans la séquence recyclée. Dove Stone avance comme une onde sinusoïdale, approfondie par des cuivres synthétiques comme un quatuor de trompettes tristes. Hard to Tell commence dans les profondeurs avec des percussions qui sortent du sol, ramenant la guitare électrique au centre, comme une ballade électro country avec Skidmore à la voix.

Faire suite à It Should Be Us avec un album comme Never The Right Time nous rappelle à quel point Stott maîtrise l’espace dans lequel ses pièces prennent forme. Passer de l’un à l’autre donne un effet de sortir du bunker pour aller au stade (vide), ce qui fait en sorte que les thèmes respirent bien plus et donnent du souffle à l’album. L’utilisation de la guitare électrique apporte une toute nouvelle teinte de rock qui, combinée à la voix de Skidmore, nous amène également dans un cabaret dans lequel tout peut arriver. À suivre.

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