Critiques

alexalone

ALEXALONEWORLD

  • Polyvinyl Records
  • 2021
  • 40 minutes
7,5

~ ALEXALONEWORLD ou invitation formelle à nourrir votre cœur assombri par du bon vieux emo de la fin des années 90 ~

alexalone est le projet mené par Alex Peterson (connu pour Lomelda). C’est un artiste non-binaire et la pierre angulaire de la formation. Iel s’accompagne tout de même de Sam Jordan aux percussions et des multi-instrumentistes Mari Rubio et Andrew Hulett. Le groupe siphonne son essence dans les somptueux postes à gaz d’Austin, Texas. Vraisemblablement, quasiment tout ce qui sort de ce coin de pays est génial.

alexalone est une drôle de bibitte… une sorte de croisement entre le noise et le math rock, trempé dans le fuzz et garni d’un voix triste, mais agréablement douce. Sur ce premier exercice (ALEXALONEWORLD), le filon entre les pièces est plutôt difficile à attraper, mais une chose est certaine, ça grafigne les haut-parleurs !

Le titre initial est justement un poison à chaîne stéréo, d’où son nom, Electric Sickness, un titre porté à merveille. Une version toxique du American Football d’antan. Bref, ici on adore. La deuxième pièce, Where in the World, je la vois comme une pause psychédélique aux accents stoner, voire un bon six minutes d’hallucinations… avant de tomber dans un bouillon de melodic et progressive metalcore assez étrange sur Unpacking my Feelings. Les mélodies vocales nettes créent un fort contraste avec le lourd apport de la batterie. Les oreilles ne comprennent pas trop ce qu’elles absorbent… et c’est très bien comme ça. Je peux déjà affirmer sans trop me mouiller que alexalone est le synonyme d’une combustion stylistique réussie.

Voilà que Unpacking my Feelings et Can’t Sleep s’emboîtent parfaitement, formant, si vous le voulez bien, une seule et même chanson. Comme si le fait de déballer ses sentiments causait de l’insomnie. Il faut avouer que l’album est un sacré beau cauchemar contrôlé. La voix doucement divine de Peterson est une berceuse donnant les bleus, alors que le jam abyssal vous paralyse la carcasse. Étant plutôt fan de Polyvinyl Record, leur maison de disques, j’ai découvert la solitude d’Alex Peterson dès la première monoplage, Ruins. D’ailleurs, celle-ci est probablement la plus «douce» de l’opus et, par le fait même, ma pièce favorite. L’harmonie des voix d’Alex et Rubio est sublime. Une certaine crainte, peur, et/ou vulnérabilité, émane de leurs cordes vocales. C’est un véritable délice sonore, surtout sous les décharges métalliques à haut taux de réverbération.

Sinon, la dernière danse, Eavesdropper est tout aussi marquante ; une libération instrumentale angoissante mais ô combien oxygénée où le groupe lâche son fou et bousille tout sur son passage.

Si vous ne ressentez rien à l’écoute de ça, vous êtes « peut-être» morts en dedans. Remarquez, ça s’adresse « peut-être» également à vous…

Bonus : les fans de Have A Nice Life et Touché Amoré trouveront certainement leur compte avec alexalone.