Critiques

Alex Leblanc

Nous serons le plus beau des hasards

  • Indépendant
  • 2025
  • 40 minutes
7,5

Ce fut un début d’année faste pour Alex Leblanc, lui qui a publié son tout premier album à peine deux mois après sa participation aux Francouvertes. C’est d’ailleurs dans ce contexte précis que je l’ai découvert en le voyant arriver contrebasse à la main sur la scène du Cabaret Lion d’or, accompagné d’une guitare, d’un piano et d’une batterie. Je devinais alors qu’un certain style musical originaire de La Nouvelle-Orléans allait être à l’honneur.

S’il est vrai que l’influence jazz est omniprésente dans Nous serons le plus beau des hasards, le dosage n’est pas le même d’une pièce à l’autre. Les mélodies imprévisibles et les envolées musicales emblématiques du style sont particulièrement présentes dans les très mélancoliques Entre chez moi et chez vous et Dans ta tête. Nager dans le creux, dans laquelle Leblanc ne s’accompagne que de son instrument de prédilection, met aussi de l’avant les codes du genre.

Il va sans dire que l’artiste de Québec a plus d’une corde à son arc. Je dirais même que sa plus grande force réside dans sa polyvalence et dans sa capacité de nous surprendre d’une pièce à l’autre. Si les dynamiques Punk Bossa et La défonce peuvent presque nous donner envie de nous « rentrer dedans », on pourra reprendre notre souffle avec la douce transition instrumentale Valse pour Ariel, ou encore la très planante Nulle part. Cette dernière est par ailleurs l’une des plus surprenantes pièces de l’œuvre en vertu des textures sonores créatives qu’on peut entendre en toile de fond.

Malgré toute cette variété, l’album se tient bien et n’est pas décousu. La cohérence est assurée par un habillage musical constant, mais aussi par la voix de l’artiste qui est très particulière. Cette dernière est parfois pimentée par un vibrato qui ne fera peut-être pas l’unanimité, mais qui lui confère un cachet, lorsqu’utilisé avec parcimonie. Vous remarquerez aussi que son timbre s’apparente à celui de Philippe Brach, à un tel point qu’il doit déjà être las d’en entendre parler (cela dit, il y a pire comme comparaison).

Du point de vue de l’écriture, les textes de Leblanc sont simples et directs, et s’arriment toujours bien avec les mélodies. C’est particulièrement le cas dans Tours de magie, où il aborde le thème de la santé mentale sans détour.

Oh maladie, pourquoi tu m’as choisi
Laisse-moi juste reprendre le contrôle sur ma vie
Laisse-moi dont prétendre qu’un jour tu seras partie
Tours de magie

Avant de terminer, il faut absolument parler d’une facette importante d’Alex Leblanc : son flair pour les mélodies accrocheuses! Certaines pièces vous feront garder le doigt très proche du bouton « repeat ».

Love Song No1 est un savoureux tube pop rehaussé par une montée dans le refrain qui témoigne de la grande tessiture du chanteur. On apprécie la modulation à la fin, et ce sans la moindre once de culpabilité.

Quant à la lumineuse Jumps à vélos, il s’agit tout simplement d’un sourire mis en musique. Ça fait du bien, et ça arrive à point avec le début de l’été.

Les heures passent la lumière tombe
Et ta vie qui défile
Devant tes yeux qui songent
Moi j’te dis lève-toi en plein milieu de la nuit
Pour aller faire des jumps à vélo
Jumps à vélos

C’est une entrée en scène réussie pour Alex Leblanc, qui tend la main à tous les curieux et curieuses qui veulent découvrir quelque chose de différent et de ludique. Je vous conseille fortement de la saisir.

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