Adrianne Lenker
Bright Future
- 4AD
- 2024
- 44 minutes
Adrianne Lenker ne chôme pas. Entre les sorties de Big Thief, les tournées du groupe et ses albums en solo, l’autrice-compositrice-interprète bat le fer pendant qu’il est chaud. Et depuis trois ans, il est brûlant. Alors que songs et instrumentals paru en 2020 étaient beaucoup plus sobres au niveau musical, Adrianne Lenker a rassemblé Nick Hakim, Mat Davidson et Josefin Runsteen avec l’ingénieur de son Philip Weinrobe. Ensemble la bande a joué des chansons dans des pistes continues sans s’arrêter, avec, semble-t-il, pas de buts, bien qu’il semble tout de même avoir une direction claire dans ce qu’Adrianne Lenker cherchait avec ce travail.
Le processus d’enregistrement en « one take » s’entend partout sur Bright Future, particulièrement Vampire Empire. Le côté imparfait de la prise de son a son charme et rajoute à l’authenticité de l’interprétation de Lenker qui se livre de manière assez impudique sur l’album. On passe à travers les aléas d’une relation amoureuse avortée qui va du coup de foudre à la déception.
You turn me inside out and then you want the outside in
Vampire Empire
You spin me all around and then you ask me not to spin
You say you wanna be alone and then you want children
You wanna be with me and then you wanna be with him
On retrouve des sonorités qui rappellent davantage Big Thief sur Bright Future. Notamment sur une pièce comme Fool qui mise sur une instrumentation franchement réussie. C’est le cas sur l’efficace Already Lost qui mise sur une excellente mélodie vocale. Le sentiment de « jam band » se fait particulièrement entendre sur ces deux pièces.
Le côté plus intime se fait de son côté sentir sur des pièces comme Real House où Lenker est essentiellement seule au piano. Même chose sur la mélodieuse et mélancolique Evol où la déception amoureuse se fait presque venimeuse.
Love spells evol backwards people
Evol
Words back- words backwards are lethal
Time spells emit, who can see it
Feel says leef tips eas is sea spit
C’est le cas aussi sur Ruined qui termine l’album sur une note de désespoir par rapport à l’être aimée qui a tourné son dos. L’instrumentation se fait moins minimaliste, mais tout de même sobre : des cordes sous-tendent Lenker et le piano avec un ton très juste. Ça rajoute un peu de tension dans la trame pendant que la voix de Lenker frôle avec ses aigus.
C’est un autre très bon album d’Adrianne Lenker qui démontre une fois de plus qu’elle est l’une des autrices-compositrices-interprètes les plus pertinentes du moment. Ses albums solos n’ont pas la même ampleur musicale de ses sorties avec Big Thief, mais ne sont pas non plus dénués d’ingéniosité. C’est dans les détails qu’elle excelle et dans la capacité à nous faire ressentir l’atmosphère qui régnait dans le studio d’enregistrement perdu dans le bois où Bright Future a été enregistré.