Will Butler de retour à Montréal ― 12 août 2022
C’est dans un théâtre Fairmount sobre qu’environ 50 personnes attendaient le frère Butler et ses musiciens. C’est sans grande surprise que le spectacle a débuté avec 20 minutes de retard et avec une première partie assez surprenante.
Après avoir annoncé son départ d’Arcade Fire, il était maintenant possible pour Will Butler d’avoir tout le temps nécessaire pour se concentrer sur sa carrière solo. Celui qui avait déjà auparavant sorti deux albums solos sur Merge Records (Policy en 2015 et Generations en 2020) n’était pas passé dans le coin pour présenter son matériel solo depuis 2015 et n’était pas sorti de New York depuis 2019. Avec tout l’amour que Montréal possède pour Arcade Fire, est-ce que ça se traduit pareillement pour les projets solos ?
River L. Ramirez
La comédienne et réalisatrice originaire de New York River L. Ramirez donnait ses premiers spectacles de musique en carrière. Celle-ci paraissait nerveuse et inexpérimentée, comme on pouvait le voir avec ses interventions avec le public sur la religion, l’énergie positive et le rire. Il est clair que ses réflexes de comédienne étaient à l’œuvre, mais était-ce utile dans le cadre d’un spectacle de musique ?
On passe d’une performance à la guitare, puis d’une console électronique, de musique folk à de la musique électronique ambiante, le tout avec quelques problèmes techniques et plusieurs changements de registre effectués de manière trop impromptue. Cette association comme première partie aurait été plus intéressante dans le cadre d’un spectacle plus local pour Ramirez, le temps de bien roder son matériel et ainsi avoir la chance d’échanger avec amis et famille, ou du moins des gens avec lesquels elle se sent à l’aise, plutôt que des inconnus. Le public montréalais n’allait pas faire ce travail pour autant.
Will Butler
Celui qui a passé les premières minutes du spectacle à être en mode observation a finalement pu mettre les pieds sur scène. L’audience, qui devenait de plus en plus nombreuse, était heureuse de le voir. Quelques retardataires sont arrivés plus tard sans nuire au plaisir des autres, sauf pour le chanteur, qui semblait curieux de voir s’il reconnaissait des gens dans la salle. La salle n’était pas remplie à 75%, ce qui répond à ma question abordée plus haut.
Entre les fans en première rangée qui chantaient les chansons et les habitués de la place, il y en avait pour tous les goûts. Accompagné de 4 musiciens sur scène, Will Butler s’amusait à faire quelques transitions d’instruments entre guitare rock, basse, synthétiseur et voix uniquement. Malgré la mise en scène sobre, l’énergie était palpable chez Butler qui dansait du pied, comme dans son vidéoclip de l’extrait Anna.
Peu importe la grosseur de l’audience, les gens étaient prêts à chanter. Les chansons de Generations ne faisaient clairement pas autant réagir que lorsque les musiciens ont entamé ceux de Policy, notamment Anna et Take My Side où le public avait assez de place pour danser autant que son interprète. Ce spectacle était aussi l’occasion de roder ses plus récents extraits, qui prouve le désir de Butler d’être encore plus improbable en termes de sonorités qu’Arcade Fire, mais sans le même budget pour la diffusion.
S’étant donné à fond pour ce spectacle, c’est un Will Butler sidéré et muet qui quitta la scène, heureux de revoir les gens et promettant de revenir, pour notre grand plaisir. Le tout, avec un travail au son impeccable qui n’a pas provoqué d’acouphène ou de malaise technique, rappelant l’importance du Théâtre Fairmount dans le paysage scénique montréalais (prenez des notes, les proprios de salle.)
Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte