The Last Dinner Party et Miss Grit au MTELUS le 29 mars 2024
Annoncées au Studio TD il y a quelques mois pour se retrouver finalement à remplir un MTelus : The Last Dinner Party l’a fait, et cela nous étonne à peine quand on voit l’ascension vertigineuse que le quintette anglais 100% féminin est en train de réaliser. Retour sur cette grande fête que le groupe nous a livré hier soir.
Miss Grit
C’est la New-Yorkaise Margaret Dewey Sohn alias Miss Grit qui ouvrait ce soir, elle qui accompagne le groupe sur toute la tournée nord-américaine de TLDP.
La compositrice nous présentait ses pièces tirées de son récent album Follow the Cyborg (2023), un mélange d’électronique et de rock plutôt audacieux. Elle nous fait vite oublier qu’elle est seule sur scène, à coup de boucles sur sa guitare électrique ainsi que sur sa voix qu’elle superpose encore et encore. Elle créait ainsi de toutes pièces des morceaux complexes et captivants. Pour seule lumière sur scène : un projecteur diffusant des formes abstraites sur son visage, nous plongeant dans une thématique de science-fiction sombre qui interpelle. Une proposition expérimentale osée qui a su convaincre les fans de TLDP venus très tôt.
The Last Dinner Party
À peine un an s’est écoulé depuis la sortie de leur simple Nothing Matters, qui marquait le début du phénomène anglais composé de Abigail Morris (voix), Lizzie Mayland (voix et guitare), Emily Roberts (guitare, flûte) Georgia Davies (basse), Aurora Nishevci (piano, voix).
Déjà signées chez Island Records, elles suivent les traces de leur flagrante influence : Florence + The Machine. Ce succès foudroyant nous rappelle exactement celui de Wet Leg devenu phénomène en un rien de temps, et nous affirme encore une fois un engouement majeur autour de ces « girlsband » qui font plaisir à voir se développer (Boygenius, The Beaches…)
The Last Dinner Party nous présentait leur premier album Prelude to Ecstasy, elles qui jouaient pour la toute première fois au Canada hier soir.
Le groupe prend place sur scène alors que l’introduction de l’album retentit : une composition symphonique réunissant cor, basson et cymbales, sonnant comme le début d’une pièce de théâtre classique. S’ajoutent à cela ce grand rideau de velours rouge, les robes et les corsets, les rubans de soie autour des micros.
Elles ouvrent en douceur avec la grave Burn Alive. Je m’attendais à une pièce plus percutante pour faire contraste avec l’introduction, mais je suis surement trop impatiente de découvrir ce qu’elles nous réservent. L’effet théâtral annoncé se fait ressentir tout de suite, la présence scénique extravagante d’Abigail Morris est remarquable, on se laisse vite prend au jeu de sa gestuelle dramatique, Morris allant jusqu’à s’agenouiller à maintes reprises sur scène. S’en suivront les pièces très indies Caesar on a TV Screen et The Feminin Urge.
Les autres musiciennes, figées à leur poste en devant de scène, ont une présence solide, à peine impressionnée par la foule en extase devant elles. La maitrise impeccable de leurs instruments se fait sentir. L’inspiration baroque qui les décrit, le côté somptueux, fantaisiste et extravagant vient chercher nos émotions les plus profondes, c’est réel.
Les premières notes de piano de Sinner retentissent et le public est en véritable extase, TLDP nous invite bel et bien à célébrer avec elles cet ultime banquet où tout est résolument permis. Elles s’autoriseront même à faire redescendre la température en s’octroyant une reprise de Wicked Games de Chris Isaak, réinterprétation à la guitare acoustique que personne n’avait vue venir.
Dans les textes, Morris nous démontre son amour de la littérature avec des paroles aux multiples métaphores qui mêlent paroles crues et connotations émotionnelles fortes.
Comme dessert à ce banquet final, pas une pièce montée, mais deux : l’élégante et transcendante pièce Lady of Mercy, la chanteuse se laissant même aller à des bains de foule, me faisant vraiment penser à Florence Welch et sa manie d’aller enlacer dans un état de transe ses fans tout en chantant. Puis nous aurons le droit à un discours qui se clôturera par Abigail Morris nous souhaitant de : « Go home safe, and just remember that Nothing Matters ».
Elles termineront donc ce festin en apothéose avec le simple qui les aura propulsés au rang de vedettes en devenir. Le public, assourdissant comme je l’avais rarement entendu, finira par chanter et célébrer sur ce titre déjà incontournable.
On leur souhaite un succès à l’image de ce show donné ce soir : immense.
Crédit photo: Coline Beulin