Concerts

Tamino et Sister Ray au Théâtre Corona, le vendredi 19 mai 2023

Pour la dernière de sa tournée, l’auteur-compositeur-interprète belgo-égyptien s’est arrêté à Montréal, avec Sister Ray en première partie.

Photos par Alexanne Brisson

Bouche bée, sans mots. En ressortant d’un tel concert, il est dur de trouver les bons mots pour décrire de telles performances venant des deux artistes de ce soir. De la spontanéité de Sister Ray jusqu’à la voix divine de Tamino, aucun texte, aucune citation ou TED talk peut m’aider à ce point-ci, afin de m’inspirer. Or, il serait avantageux de couvrir cet événement avec son cœur pour ainsi faire ressortir avec facilité, l’émotion vécue tout au long de ce spectacle.

Avant d’enchaîner, j’aimerais prendre un court moment de cette couverture pour interpeller le barman et son obsession à constamment ouvrir son frigo, même quand il n’y avait aucun client au bar. Un frigo qui, par lui seul, aurait pu illuminer l’entièreté de la fosse des Mariannes, et je l’écris avec peu d’exagération. Ceci a été un problème dérangeant majeur pour plusieurs au balcon, et probablement aussi pour l’artiste sur scène. Nous sommes dans une salle close où un concert a lieu, où les lumières sont tamisées par raison. C’est comme aller au cinéma et avoir un groupe de personnes qui sont sur leur téléphone intelligent avec la luminosité à fond. Ça peut attendre, sinon entre deux chansons.

Sister Ray

Sister Ray

La jeune autrice-compositrice-interprète canadienne faisait la première partie du concert de ce soir, avec sa guitare, son charisme et sa confiance impressionnante qu’elle a partagés avec son public. Elle a su donner une performance remarquable.

En expliquant le passé et l’inspiration de chacune de ses chansons, Sister Ray se démarque particulièrement avec la troisième chanson de la soirée, Teeth. Paroles claires, émotions vives, et ambiance confortable; nous restons dans l’alternatif. Le talent de Sister Ray ne repose pas seulement sur sa musique, mais aussi sur sa capacité à installer une bonne atmosphère dans une salle.

L’artiste met ses tripes sur la table et s’ouvre au sujet des pensionnats et du génocide des Autochtones. Étant elle-même de culture autochtone, sa chanson I Never Will Marry parle de son passé, son enfance, ses sentiments et ses fantasmes.

Puis, ceci met fin à la première partie. Les projecteurs s’éteignent et elle quitte la scène sans remercier ou saluer la salle. Les lumières se rallument et l’attente de l’artiste principale recommence.

Tamino

Tamino

Personnellement, je n’ai jamais entendu un chanteur autant sonner exactement comme sur son album. Avec sa voix hypnotisante qui rappelle celle des sirènes, Tamino est l’un des meilleurs artistes de son temps. Sans fla-fla, il met le pied sur une scène avec son luth à la main, avec une scénographie très minimaliste autour de lui : seul un micro est installé à l’avant. Les spectateurs hurlent comme s’il voyait une star rock. Les premières notes sont jouées doucement, pendant deux à trois minutes. Nous avons droit à une performance instrumentale avant de nous rendre à sa première chanson de la soirée, A Drop of Blood.

Puis un changement de guitare, en fait chaque chanson s’est suivie d’un changement d’instruments à cordes pincées. À la fin de sa chanson Cigars, il demande au public de ne pas prendre de photos ou de vidéos lors de la prochaine chanson, de ranger leur téléphone et d’absorber l’entièreté de la musicalité de Intervals. Avec toute la sécurité qu’il y avait au tour de nous, nous pouvons dire que nos téléphones étaient bien rangés dans notre poche à ce moment. Par deux fois, cette demande a été faite par l’artiste, la deuxième fois s’est produite alors qu’il s’apprêtait à chanter Wrath, un de mes coups de cœur.

Tamino

Étant un grand fan de Leonard Cohen qu’il est, il a pris un court moment entre deux chansons pour jouer un extrait de Suzanne du défunt chanteur montréalais. Une performance qu’il lui a value de nombreux applaudissements du public.

Finalement, le concert s’est conclu sur sa chanson la plus connue, Habibi. Je vous le jure, cet homme a l’une des plus belles voix que j’ai entendues dans ma vie, surtout pour être capable de terminer le refrain de la chanson sur une note si aiguë; il maîtrise sa voix d’une façon extraordinaire. Bien sûr, le concert ne s’est pas terminé de cette façon, il est revenu pour un rappel avec sa chanson Only Our Loves sous une pluie de lumière rouge et blanche venant de projecteurs au-dessus de sa tête, formant une couronne sur scène.

Un spectacle à la fois sobre et réconfortant, mais aussi puissant et captivant, Tamino a de quoi être fier d’une telle performance. Il pourra enfin aller se reposer chez lui, mais seulement pour un court moment puisqu’il devra bientôt remettre les pieds sur scène à la mi-juin pour une nouvelle tournée, cette fois-ci à Mannheim, en Allemagne.

Crédit photo: Alexanne Brisson

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