Pour cette deuxième journée d’Osheaga, trois générations de mélomanes se côtoyaient en raison des concerts de Green Day qui célébrait les anniversaires de Dookie et American Idiot ainsi que Chappell Roan qui est en train de devenir l’héroïne des jeunes mélomanes.

Photos par Alexanne Brisson

Il y avait du monde à la messe. Au point où les installations ne suffisaient pas en ce samedi d’Osheaga. Remplir sa gourde prenait une trentaine de minutes, se commander à souper en prenait le double et les déplacements étaient parfois chaotiques. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu le Parc Jean-Drapeau submergé à ce point par une foule. Par contre, on doit dire qu’au niveau des toilettes, Osheaga avait prévu le coup et ça n’attendait pas là. Ceci a permis d’éliminer les galopins qui allaient se soulager dans les bois.

Chappell Roan : grandiose

Les gens sont arrivés tôt sur le site du festival pour ne pas manquer la nouvelle sensation pop : Chappell Roan. Celle qui a vu sa popularité grandir avec ses premières parties d’Olivia Rodrigo au printemps passé, son Tiny Desk Concert et sa prestation à Coachella. Les critiques de ses concerts étaient dithyrambiques en parlant d’une expérience mémorable. Eh bien, c’est tout à fait vrai. Elle a livré, avec son groupe composé de Lucy à la batterie, Devon à la guitare et Allie à la basse, un solide concert.

Se baladant allègrement d’un bout à l’autre de la scène et en faisant de nombreuses envolées vocales, Chappell Roan a livré une bonne dose de ses succès : Naked in Manhattan, Femininomenon, My Kink Is Karma, Red Wine Supernova, Hot to Go, Good Luck, Babe! et plusieurs autres. Son accoutrement en était un de fée cette fois-ci. À de nombreuses reprises, elle s’est adressée à la foule en français, notamment pour se présenter. Comme si elle en avait encore besoin… à part quelques personnes qui semblaient tomber des nues dans la section or du festival (parce que tsé, il faut avoir de l’argent et donc la moyenne d’âge est plus haute), le reste du parterre savait exactement qui elle était. D’ailleurs, ça chantait fort les paroles de toutes ses chansons loin dans la foule. Elle a démontré avec aplomb qu’elle est une grande de la pop et nous allons en entendre parler longtemps!

Rancid

Les vétérans punk de Rancid étaient en forme malgré les années qui s’accumulent au compteur. 33 ans après leur début, la formation venait présenter des chansons de l’ensemble de leur discographie, dont le dernier chapitre, Tomorrow Never Comes, est sorti l’an dernier. Les punks ont démontré qu’ils ont encore la touch et en finissant avec Time Bomb et Ruby Soho, le groupe a rallié ceux qui peut-être se demandaient qui était Rancid. Parce que tout le monde connaissait ces pièces et chantait allègrement avec la formation. Il y avait même un circle pit près de la scène.

The Smashing Pumpkins

Une heure de Smashing Pumpkins, ce n’est pas beaucoup. Le groupe a offert un florilège de leurs plus grands succès en faisant une bonne place aux albums Mellon Collie & the Infinite Sadness et Siamese Dream. Pour savoir lequel est le meilleur, écoutez donc le balado de l’ami Marc-André Mongrain et Dumas. Par contre, la formation n’a pas touché à son album paru vendredi : Aghori Mhori Mei. Le début du concert était un peu froid, Billy Corgan n’étant pas le plus chaleureux sur terre. Mais après deux ou trois chansons, James Iha a pris le micro pour saluer la foule et pendant Today, on a vu un sourire s’installer sur les lèvres de Corgan en se rendant compte à quel point la foule chantait les chansons fortes.

La guitariste Kiki Wong qui accompagne le groupe en tournée a aussi ajouté de beaux moments à la performance des Smashing Pumpkins avec ses licks de guitare. La foule a chanté fort avec le groupe ses plus gros succès comme Disarm, Bullet With Butterfly Wings, Tonight Tonight, 1979 et Cherub Rock. Une bien bonne prestation des vétérans.

Green Day

Il y a quelque chose d’étrange dans l’introduction du concert de Green Day qui commence par Bohemian Rapsody et Blitzkrieg Bop. Je sais que c’est une tradition du groupe, mais pour quelqu’un qui tombe sur ça la première fois, c’est un peu bizarre. N’en demeure pas moins que la foule était prête pour Green Day lorsqu’il est entré pour The American Dream Is Killing Me tiré de leur nouvel album, Saviors. Mais le vrai fun a commencé lorsque la formation a lancé les premières notes de Basket Case et qu’on entrait dans la célébration des 30 ans de Dookie. Contrairement à la tournée en salle, le groupe n’a pas joué l’entièreté et on n’a pas eu la chance d’entendre Pulling Teeth. Mais Green Day nous a tout de même gâtés avec Longview, Welcome to Paradise, She, In the End, When I Come Around, F.O.D tiré de leur immense succès.

Puis, le groupe a divagué vers d’autres compositions, dont Know You Enemy où il a invité une fan sur scène pour chanter avec lui. Sandrine s’est fait acclamer par la foule abondamment. Puis le groupe a joué d’autres pièces, dont l’excellente Brain Stew avant de se lancer dans la partie American Idiot de son concert. Cette fois-ci, Green Day a presque tout joué American Idiot à l’exception de deux chansons : She’s A Rebel et Extraordinary Girl. Puis, il a terminé avec Good Riddance (Time of Your Life).

Ce qui a le plus marqué de cette performance est l’aplomb incroyable du groupe. D’un bout à l’autre Green Day était à 110% dédié à son concert. Je ne comprends pas comme Billie Joe Armstrong réussit à se donner comme ça tous les soirs. Il était en feu et chantait sans retenue.

C’était une belle manière de fêter deux albums qui ont marqué deux générations de mélomanes. Vu mon âge, c’est davantage Dookie, mais le bout d’American Idiot a tout de même été bien sympathique. Une belle deuxième soirée d’Osheaga!

Crédit photo: Alexanne Brisson