
Nils Frahm au MTELUS le 10 mai 2025
L’artiste allemand Nils Frahm était de passage à Montréal hier soir pour l’itinéraire final de sa tournée Music For, entamée en 2023 en référence à la sortie de l’album Music for animals (2022). Il était d’ailleurs passé à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts en avril cette année-là pour présenter son matériel en direct.
Photos par Eugénie Pigeonnier
On ne s’attendait pas à avoir la chance de le revoir une deuxième fois, encore moins au MTELUS, salle raisonnablement bruyante pour un artiste aussi nuancé. Néanmoins, on remercie le Festival international de jazz de Montréal de l’avoir invité à nouveau. Les retrouvailles ont été chaleureuses et chaudement applaudies.
La salle était bien remplie lorsque Nils Frahm est arrivé sur scène après une quinzaine de minutes de délai, encadré par deux stations de claviers. Avis aux geeks d’instruments analogiques, il y avait possiblement pour plus de cent mille dollars d’équipement sur scène, et générait un petit effet de showroom pour les passionnés sur le sujet. C’est d’ailleurs avec un de ses appareils les plus spectaculaires que l’artiste a débuté le spectacle, à l’harmonica de verre pour la pièce Prolog. Il portait des gants mouillés pour jouer sur l’équivalent de coupes de verre placées à l’horizontale qui tournaient à un rythme constant à l’aide d’une roue mécanique. La sonorité éthérique a changé la salle en temple musical, comme une messe d’harmonies pures durant laquelle le public est disparu dans le silence. Frahm a fait évoluer le thème doucement et l’a fait transiter vers des arpèges à l’harmonium, comme une complainte mélancolique. Il a terminé la pièce avec une strate à la Vangelis sur le Juno-60.

Right Right Right a suivi à la boîte à rythmes, séquenceur et piano, établissant un léger tempo de notes frappées duquel le musicien a ensuite pivoté vers sa gauche pour continuer au piano électrique. Il a pivoté une seconde fois pour conclure la pièce avec un autre Juno-60, en duo avec le mellotron placé juste en dessous. Frahm s’est adressé à la foule pour lui demander d’imiter des bruits d’animaux et d’insectes, qu’il a enregistrés pendant une minute pour ensuite la faire jouer en trame de fond sur Briefly. Le mélange des différents arpèges a culminé en duo au Minimoog et mellotron, soutenu par une séquence rythmique plus musclée.
Après trois pièces et quarante-cinq minutes de jeu, Frahm a continué d’enchainer sensiblement le même programme qu’à Paris en 2024, avec Spells et sa structure itérative et saccadée, ainsi que plusieurs pièces au piano, comme You name it, Some et les énergiques Toilet Brushes – More et Hammers. Le public a applaudi pendant dix minutes, espérant un rappel, mais le programme était bel et bien terminé.
Frahm est un virtuose du clavier, et, sans faire de comparaison avec Keith Emerson, il y avait un niveau de maîtrise impressionnant à le voir pivoter et se déplacer d’un instrument à l’autre. Une excellente interprétation de son catalogue, qui a certainement demandé un effort physique intense, félicité par ses fans conquis. La qualité d’écoute était exceptionnelle, bien que la performance ait été ponctuée par des centaines de canettes servies aux deux bars du rez-de-chaussée.






























Crédit photo: Eugénie Pigeonnier