
Nick Cave & the Bad Seeds à la Place Bell le 24 avril 2025
Nick Cave a donné une prestation à la hauteur de sa réputation : absolument grandiose et d’une intensité peu commune.
C’était ma première fois. Tout le monde m’avait dit à quel point il était bon. En fait, c’était ma première fois en concert traditionnel avec Nick Cave. J’étais à l’Église Saint-Jean-Baptiste pour sa soirée à mi-chemin entre Q&A et perfo solo d’il y a quelques années. Mais avec les Bad Seeds, c’était tout nouveau pour moi. Et la rumeur qui courrait est vraie. Nick Cave m’a complètement envouté hier soir à la Place Bell avec une performance de haute voltige. Pas de feu, pas de sparages, que de l’excellente présence scénique et un feu qui brûle en lui avec une force hors du commun.
Nouveautés et panorama d’une discographie riche
Nick Cave et ses Bad Seeds étaient là pour présenter les titres de l’excellente Wild God paru l’an dernier. Ils ont d’ailleurs ouvert avec Frogs, Wild God et Song of the Lake. Les trois pièces étaient rendues avec adresse, Wild God joué plus rapidement que sur album. Nick Cave est entouré des Bad Seeds qu’on connait bien : Warren Ellis, Jim Sclavousnos et George Vjestica sont fidèles au côté du coloré chanteur. À cela s’ajoute la Canadienne Carly Paradis aux claviers, l’excellent Larry Mullins (Swans, The Stooges) à la batterie et Colin Greenwood (Radiohead) à la basse. Du talent en voulez-vous, en v’la. À ceux-ci, s’ajoutent Janet Ramus, T. Jae Cole, Mica Townsend et Wendi Rose, des choristes de luxe, qui ont su insuffler l’aura gospel qui habite les pièces de Wild God.
Ce n’est pas anodin que la première chanson provenant des albums du passé ait été O Children tiré d’Abattoir Blues puisque stylistiquement, c’est l’album le plus près de Wild God. En plus de celle-ci, Nick Cave a offert des pièces manquantes de son répertoire, comme Jubilee Street, From Her to Eternity et les classiques Red Right Hand et The Mercy Seat. Ça chantait fort dans l’assistance et Cave en a profité, particulièrement pour les « La-la-la » de Red Right Hand.
La force, le courage, la légende : Nick Cave
Quel performeur. Nick Cave est un atome qui cherche la fission sur scène, lançant régulièrement son micro avant de courir au piano; un jeu qu’il peut répéter trois fois pendant une même pièce, comme ce fût le cas pendant Jubilee Street. Tout au long du concert, il a passé énormément de temps collé sur la foule sur laquelle il s’appuyait allègrement. Il serrait des mains, les gens voulaient le toucher, un peu comme si c’était la réincarnation plus cool de Jesus Christ. Il y a quelque chose de profondément spirituel à un concert des Bad Seeds, même dans un endroit aussi froid que La Place Bell. Un aréna, c’est le Quai des Brumes… et pourtant, on se sentait aussi proche de lui que dans une toute petite salle. C’est la magie de Nick (j’ai l’air sous le charme, je le suis à 100%).
Entre les chansons, Nick Cave continue de nous présenter ses pièces comme s’il en était à son troisième concert et qu’on ne le connaissait pas. Cela donne parfois des moments cocasses, comme avant Bright Horses où il a dit : « Après avoir écrit ça, je me suis dit : c’est bon. Et j’ai pris le reste de la journée de congé. » Avançons à la pièce suivante, Joy, où il dit : « Après celle-là, j’ai pris la semaine de congé. » À de nombreuses occasions, il a exprimé son amour à Montréal et aux spectateurs présents. Il y avait quelque chose de foncièrement bienveillant dans cette performance haute en couleur.
De l’excellent ivraie
Si on ne peut que s’extasier devant Nick Cave, les Bad Seeds sont aussi une machine impressionnante. Les musiciens sont d’une adresse exceptionnelle et Warren Ellis est en soi un performeur incroyable. En plus de nous gracier d’à peu près tous les sacres du patois québécois, il joue du violon comme Santana de la guitare et infuse une énergie hors du commun dans son interprétation des pièces. C’est, en soi, un artiste incroyable. Et la section rythmique de Larry Mullins et Colin Greenwood est une F1. Les choristes étaient grandioses… bref, c’était impeccable.
À tous les points de vue, ce fut une soirée extraordinaire avec Nick Cave et ses Bad Seeds. 5 étoiles. Would Recommend.
Liste des chansons
- Frogs
- Wild God
- Song of the Lake
- O Children
- Jubilee Street
- From Her to Eternity
- Long Dark Night
- Cinnamon Horses
- Tupelo
- Conversion
- Bright Horses
- Joy
- I Need You
- Carnage
- Final Rescue Attempt
- Red Right Hand
- The Mercy Seat
- White Elephant
Rappel
- Papa Won’t Leave You, Henry
- The Weeping Song
- Skeleton Tree
- Into My Arms
Crédit photo: Thierry Bruyere-L'Abbe