Concerts

Le FRIMAT 2015

99041f57-f4fe-11e4-b6cb-0010c6ab90ac_sAu courant des deux dernières années, nous sommes devenus des habitués du mythique FMEAT qui a lieu pendant la fin de semaine de la fête du Travail. Voici que cette année, décidés à approfondir notre connaissance de la région de l’Abitibi-Témiscamingue, nous allions visiter l’autre grand festival musical de la région: Le Frimat (pour Festival de la Relève indépendante musicale de l’Abitibi-Témiscamingue). À peine sorti du Parc de la Vérenderye, il était temps de mettre le cap sur le centre culturel pour la première performance du festival.

C’est le duo de Rouyn-Noranda, Geneviève et Matthieu qui lançait les festivités avec une performance qui mélange musique et art visuel. La version scénique du projet intitulé La Jamésie, est impressionnante. C’est ludique, incarné et intense… parfois même très intense. Le projet est en constante évolution et la version que vous pourrez voir au FMEAT sera différente de celle qui m’a été donnée de voir. Par la suite, c’était au tour du groupe abitibien Nanochrome de faire son tour sur la scène de la salle Félix-Leclerc. Les jeunes hommes qui préparent la sortie d’un maxi en septembre ont donné une performance en dent de scie. En fait, les pièces uniquement instrumentales du groupe sont à couper le souffle alors que celles qui ont de la voix ont une vilaine tendance à tomber dans un moule très conventionnel.

Puis, c’était à Bernhari de prendre la scène entourée de son groupe de musiciens accomplis. Tout un spectacle, le groupe exécute les pièces de l’album paru l’année dernière avec une précision chirurgicale. Ajoutez à cela le son de la distorsion d’Emmanuel Éthier lorsqu’il se décide à faire du bruit et vous avez une combinaison gagnante. En général, c’est plus sale que sur l’album ce qui a pour effet de donner un surplus de puissance aux pièces. Sagard et Kryuchkova étaient particulièrement marquantes. Une formation à voir en spectacle.

Le lendemain (jeudi), l’office du tourisme de la région nous amenait sous terre pour faire la visite de la mine de Bourlamarque. Accoutrés de chiennes, d’imperméables, de casque avec torche lumineuse et d’une lourde batterie qui tire votre petite gêne vers le sol, nous nous sommes promenés à travers les noires profondeurs. De retour au soleil, nous étions conviés à une performance de Guillaume Beauregard dans la salle du conservatoire de musique de Val d’Or. Pour l’occasion, il était accompagné de Thomas Augustin (Malajube, Jacquemort) et Nicolas Gosselin (Deux Pouilles en Cavale, PONI) qui en était à sa première prestation avec le chanteur des Vulgaires Machins. Ses pièces intimes se mariaient à merveille avec le lieu dans lequel nous étions et les familles qui étaient présentes.

En soirée, c’est Docteur V (bien connue pour ses prestations à l’arrière du Cabaret de la dernière Chance pendant le FMEAT) qui lançait les hostilités. Le bon docteur possède un certain charisme, mais disons que musicalement, ce n’est pas le Pérou. Il faut dire que le violoniste/harmoniciste n’est pas ce qu’il y a de plus «tight». Ça n’a pas empêché la formation de donner un spectacle honnête qui a décidément ravi les nombreux admirateurs qui s’étaient déplacés pour l’occasion. Puis, ce sont Les Hôtesses d’Hilaire qui sont venues nous faire brasser le popotin. La bande acadienne était en forme et Serge Brideau portait une magnifique combinaison blanche! Armée d’un frigo à bière sur scène, la bande nous a balancé avec énergie Eastbound And Down, David Akward (rappé par Maxence Cormier) et plusieurs autres pièces de leurs deux premiers albums. Ils nous ont aussi proposé de nouvelles pièces qui se retrouveront sur le nouvel album à paraître en novembre prochain.

La fin de soirée se passait au Prospecteur, une micro-brasserie qui, en plus de servir des bières pas piquées des vers, présente des spectacles. C’est Ponctuation qui officiait et les mélomanes présents en ont eu pour leur argent. Les frères Chiasson + Laurence Gauthier-Brown étaient en grande forme et ils ont livré un feu roulant de chansons majoritairement de 27 Club et du plus récent opus titré La réalité nous suffit. Météo, Ciao Bye Ciao, Poésie automatique et 27 Club font partie des titres balancés avec entrain et ferveur. Un spectacle satisfaisant à tous les points de vue.

Vendredi, toujours dans ma découverte de la région abitibienne, notre super guide/agente de tourisme/concentré de connaissances régionales, Nancy nous a fait découvrir Senneterre en kayak. Les minutes de paisible randonnée perdue au milieu de la nature étaient un baume sur mon lendemain de veille bien présent. Par la suite, nous avions droit à une table ronde sur la possibilité de vivre de musique en région. Animé par Félix B. Desfossés, la discussion comptait sur plusieurs invités intéressants: Isabelle Ouimet de La Royale Électrique (une agence de communications, maison de gérance et maison de disque montréalaise très active) Benoît Poirier de Jesuslesfilles et BRBR, Mathieu Joanisse du FME et William Rondeau de Costume Records. Nous avons même eu droit à une introduction par le sympathique duo Blais Entier.

En soirée, c’était le début du concours à proprement parler, car le Frimat est aussi un concours de relève musicale pour la région. Les premiers à prendre la scène étaient le quatuor Of Man And Ale. Férue de punk celtique, la formation a encore plusieurs croûtes à manger. Si leur enthousiasme est beau et contagieux, leur technique est plutôt approximative. Par la suite, c’était le groupe de métalcore Sandblast qui a livré leur musique lourde et agressive. Les talentueux musiciens étaient handicapés par un chanteur qui bien qu’il ait une bonne tonalité manquait cruellement de présence. Finalement, c’est la troupe métal Abitabyss qui fermait la marche avec leur prestation impressionnante. Du batteur, genre de Ti-Mé aux cheveux dans le vent (du ventilateur) à leur chanteur qui arborait un panache, la formation offre vraiment un spectacle haut en couleur et professionnel.

Par la suite, ce sont les vétérans-rockeurs de Groovy Aardvark qui venaient faire sauter la foule. Démarrant en feu, le groupe a rapidement conquis la foule, grâce à Y’a tu quelqu’un? Proposant classique sur classique, ils ont lancé plusieurs pièces qui empruntent aux sonorités du folklore dont la succulente Boisson d’avril. Et la troupe a terminé avec une reprise de For Your Love des Yardbirds. En fin de soirée, le Frimat avait fait traverser le Parc aux lourdauds PONI qui étaient en pleine forme. Ceux-ci ont fait monter le niveau de décibels à la limite du soutenable dans un Prospecteur bien rempli. En plus, les rockeurs nous ont livré une nouvelle pièce des plus délectable.

Samedi, quatrième et dernière journée, c’est Joëlle St-Pierre qui avait le mandat d’amuser les nombreuses familles qui était sur place. Malgré l’étrange disparité entre sa musique intime et douce et la nervosité des enfants, la jeune femme s’est admirablement tirée d’affaire. En soirée, c’était la deuxième manche du concours. Cette fois-ci, c’est Frédérick Gosselin qui livrait sa musique instrumentale et planante construite à l’aide de sa guitare. Celle-ci servant à la fois de mélodie et de percussion. Si c’est quand même original comme approche, la technique laissait encore une fois à désirer. Par la suite, c’était au tour de Nociception, un chansonnier qui chante en anglais… plutôt pop convenu. Celui-ci a fait aussi un essai à l’utilisation de boucles, mais c’était malheureusement un peu bancal. Finalement, c’était le rappeur abitibien Mathew James qui terminait le concours. Celui-ci a offert une bonne performance qui sans être parfaite démontre beaucoup de potentiel.

Les prix ont été octroyés suite à ces performances. Le prix du public est allé à Of Man And Ale, le prix de la performance scénique à Abitabyss, celui du FME et Salle Félix-Leclerc à Sandblast et le prix ambassadeur, regroupant plusieurs performances en 2016 à Matthew James. La table était maintenant mise pour la fête et Ariane Moffatt est venue mettre le party dans la salle avec son électro-pop. Elle est non seulement contagieuse avec son énergie et son enthousiasme, mais c’est aussi une musicienne hors pair. Elle a retravaillé ses succès pour les intégrer à l’esthétique sonore de 22h22 et c’est tout à fait réussi. En plus des pièces de son plus récent album et ses grands succès, elle a repris Imparfait de Daniel Bélanger en solo et In The Air de Phil Collins en plus de recevoir une visite d’Eman pour Dans le vide.

Alors que la soirée hip-hop battait son plein avec Eman x Vlooper, Beat Market faisait danser les gens présents au Prospecteur avec son électro dansant et énergique. Dimanche matin dans l’automobile, alors que nous retournions par le parc de La Vérendrye, tous avaient un gros sourire dans le visage. Le Frimat est un festival accueillant comptant sur une équipe du tonnerre qui vous donne une très bonne raison d’aller faire un tour à Val d’Or. Disons qu’après quatre jours, j’ai déjà hâte à l’année prochaine. Salut le Frimat, on se revoit!

http://www.frimat.qc.ca/2015/fr-ca/

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