La troisième journée du Festival La Noce de Chicoutimi nous présentait une programmation fortement éclectique avec la crème du hip-hop alternatif québécois, des oscillations néo-classiques et analogiques dans une cathédrale puis, le meilleur son garage pour un after-party suant.

Original Gros Bonnet (O.G.B.)

Ah, la vie de festival! Se lever beaucoup trop tard, travailler, déjeuner, ingérer 30 cafés et commencer à boire de l’alcool à 16h00… Je revenais à peine du Café Cambio — leurs brunchs sont tout simplement délicieux pour la végétarienne que je suis — que ma soirée commençait déjà! Débordant d’énergie, le groupe de hip-hop alternatif Original Gros Bonnet se chargeait d’ouvrir la troisième soirée de festivités de cette 4e édition de La Noce. «Chicoutimi, ça fait un an et demi qu’on n’a pas fait de show, merci !», a lancé Frank Fade, le chanteur du groupe.

En effet, les Montréalais ont enfin pu jouer devant un public de 250 personnes leurs nouvelles compositions tirées de Tous les jours printemps, leur plus récent album paru en 2020. C’est ce son si organique et original, à la fois hip-hop, free jazz et smooth jazz, qui les avait menés à la victoire des Francouvertes il y a trois ans. Leur aplomb aussi, on s’en doute. Bref, c’était solide et on a bien hâte d’entendre la suite pour ceux qu’on surnomme aussi O.G.B. Une formation à découvrir autant sur album que sur scène, si ce n’est pas déjà fait.

Maky Lavender

Maky Lavender représente ma plus belle découverte, tous festivals confondus, jusqu’à présent. Sous le soleil de 17h00, le jeune rappeur, à l’attitude décontractée, est monté sur scène gonflé à bloc, malgré qu’il soit parti de Montréal très tôt le jour même et qu’il doive jongler avec quelques imprévus… Occupant à la fois la position de rappeur et de DJ — ce dernier manquant à l’appel — Maky Lavender a sublimé tous ses problèmes avec brio, créant ainsi des moments sympathiques. Le rappeur était également accompagné d’un groupe composé d’une chanteuse soul, d’un claviériste, d’un batteur et d’un guitariste/bassiste.

À un moment clé du spectacle, le MC est descendu dans le public pour mosh piter sur un morceau étonnamment hardcore! D’ailleurs, sa proposition hip-hop en spectacle est TELLEMENT hot! On entend bien que Lavender a du goût : ses influences jazz et soul se marient magnifiquement aux synthétiseurs parfois années 80 et house, tout en présentant des passages hard rock déconcertants. Que l’on connaisse ou pas les chansons de son plus récent double LP, le concert de Maky Lavender s’adresse à tous ceux qui ont envie de bouger et de sourire.

Flore Laurentienne

La seule et dernière fois que j’ai assisté au concert de Flore Laurentienne, c’était sous la pluie glacée de Rouyn-Noranda, au FME de 2020. Cette fois, tout s’est passé différemment. Je me trouvais bien au chaud, enveloppée de la quiétude que procure un endroit aussi magnifique qu’une cathédrale centenaire. Les instruments à cordes restaient accordés, et le contenu du disque s’est transmuté en quelque chose d’encore plus atmosphérique, cinématique et nébuleux.

On a ouvert et fermé la cérémonie avec les majestueuses pièces Fleuve no1 et Fleuve no3. Flore Laurentienne a aussi offert sa magnifique Fugue, divisée en deux parties — l’une pour son quatuor de cordes entièrement féminin, l’autre pour ses acolytes Sylvain Deschamps (VioleTT Pi, Klô Pelgag) et Antoine Létourneau-Berger. L’attitude toujours un peu socialement « bizarre » lors de ses interventions, Mathieu David Gagnon, de son vrai nom, a toutefois fait preuve de générosité et a insisté pour revenir sur scène à la toute fin. En rappel, l’ensemble a exécuté un ultime morceau improvisé intitulé Navigation no4. Le public est ressorti détendu et ému de cette prestation. Soulignons le travail incroyable de l’éclairagiste, qui a contribué au succès de celle-ci.

Les Deuxluxes

Au même moment, un autre after-party était offert par la multi-instrumentiste Sheenah Ko avec l’ensemble Danse avec les loops. Cet événement aussi a bien fait jaser et il a été déchirant de choisir entre les deux soirées! Pour ma part, j’ai arrêté mon choix sur l’incroyable duo formé d’Anna Frences Meyer et son amoureux Étienne Barry (Barry Paquin Roberge). Body surfing et mosh pits ont eu lieu à répétition sur le plancher de danse de la scène Ubisoft, à l’intérieur de la Pulperie. Malgré qu’ils aient tout donné à leur concert de 20h00, Les Deuxluxes ont tout cassé une seconde fois dans la même soirée. La formation est réputée pour porter des costumes extravagants en spectacle et cette prestation n’y a pas fait exception. Même leur look goth-rock à la Alice Cooper était différent du précédent concert! L’ambiance était à son comble.

Personnellement, j’étais complètement crevée de cette troisième journée de festival, alors je n’ai pas suivi la bande d’ami-es qui a étiré la nuit jusqu’à l’aurore, alors que la brume a envahi Chicoutimi et que le soleil se levait sur un ciel bleu poudre et rose. Demain, retrouvez mes comptes-rendus pour les derniers spectacles de Klô Pelgag, Gab Paquet, Joël Martel et The Blaze Velluto Collection.

Crédit photo: Charline Clavier