Concerts

José González au Théâtre Maisonneuve le 2 septembre 2022

Que serait le paysage folk sans José González ?

L’artiste originaire de la Suède était de passage au Théâtre Maisonneuve vendredi dernier dans le cadre de sa tournée de spectacles en Amérique du Nord et le tout était présenté par le Festival de jazz de Montréal. Comme plusieurs artistes, González a profité de la pandémie pour proposer un nouvel album titré Local Valley. Ce concert était la première occasion pour lui de présenter ce nouveau matériel au public montréalais. Plusieurs mélomanes attendaient avec impatience ce moment puisqu’il jouait à guichet fermé. Avec la rentrée scolaire, la fin des vacances et le retour au travail, est-ce que cette belle douceur était à l’attente du public ?

Anjimile

L’artiste originaire de Boston était visiblement très excité de venir ouvrir pour José González à Montréal. Avec sa guitare, il a présenté son univers folk qui raconte toujours une histoire ou qui se centre sur un personnage. Bref, c’est un peu un cliché de l’artiste folk tourmenté, mais il se distingue par sa maîtrise si mélodieuse de la guitare et de la voix. Le projet, qui semble dans une zone rodage, a beaucoup d’éléments pour lui tout de même.

La nervosité était présente, et ça se comprend par la taille de la salle, le silence attentif du public et les interactions semi-utiles lorsqu’il accorde sa guitare. N’empêche qu’une première partie sert à ça. C’est à la fois un vecteur pour se faire connaître et roder son matériel. Cependant, la poésie d’Anjimile parle d’elle-même. Je ne pense pas que l’artiste ait fait l’unanimité dans la salle, mais il a certainement gagné une partie du public puisque l’accueil final des Montréalais fût généreux. Anjimile est un artiste que je vous invite à mettre dans votre radar.

José González

Arrivant sans prétention sur scène, José González a salué le public de la main, puis a débuté le spectacle sans autre cérémonie. Assis sur une chaise, armé d’une guitare branchée sur fil, d’une autre captée par un micro externe et de ses pédales d’effets, il s’est mis en marche. La mise en scène était sans artifices, ce qui permettait de se concentrer sur la simplicité de son interprète et de sa voix. Certaines parties du concert étaient amplifiées de projections visuelles qui passent d’oiseaux volant vers l’infini, d’une projection de González (qui rappelle visuellement le clip Take On Me de A-ha), puis d’une sorte d’animation de jeu virtuel qui fait référence au jeu Space Invaders. Ses choix d’effets n’ont pas pour autant de liens avec la nature des textes interprétés. Le seul que j’ai trouvé était entre une projection et une chanson était lors de la chanson Swing, tiré du dernier album. On y voyait des oiseaux qui volaient dans l’image après que González ait dédié à sa petite fille la pièce. La beauté et la naïveté de l’enfance évoquées rendaient la scène touchante.

La relation entre le public et González est assez impressionnante. Quand tu joues un concert dans une si grande scène, seul, avec une guitare à la main, il peut être difficile de bien gérer des moments de silence sans que ça devienne un malaise. Mais après 4 albums et quelques années de tournée, José González était bien préparé pour ça. Il ne s’est d’ailleurs pas gêné pour demander le silence durant l’interprétation des chansons The Void, Horizons et Head On pour suivre le courant musical tel que l’on peut le trouver sur Local Valley. Le tout en y incorporant un peu d’humour en ajoutant : «no clap, no laughing».

Cette aise va beaucoup plus loin. Lorsqu’il est question d’accorder sa guitare, généralement les artistes préfèrent prendre le faire en silence, ce qui peut entraîner un instant de flottement. Pour González, celui-ci y va à l’oreille pour s’accorder et s’il le faut, il y’a une pédale en cas de besoin. Il ne semble pas avoir de ridicule pour González, son image tellement rassurante nous rappelle les imperfections de tout un chacun et que l’erreur est humaine. Alors s’il y en a une, ce n’est pas grave. On en parle et on continue. C’est exactement ce qui s’est passé avant Crosses alors qu’il avait besoin d’accorder sa guitare avec plus de sûreté.

Le succès de González est, bien sûr, dû à son talent, mais aussi à sa capacité de reprendre une chanson à sa manière. Autant, nous avons entendu des reprises que nous avons déjà entendues dans ses albums comme celle de Teardrop de Massive Attack ainsi que des reprises de son ancien projet Junip mais nous avons eu quelques surprises comme la reprise de Blackbird des Beatles.

Avant de partir de la Place des Arts, l’auteur-compositeur et interprète originaire de Suède est revenu faire un rappel de 4 chansons et parmi celles-ci, il y avait une reprise choisie par le public. José González a offert le choix entre Al Green, Nick Drake et Paul Simon. Même si González avoue toujours choisir par préférence Al Green, le public a demandé Nick Drake et donc, c’est une reprise de Cello Song qui a été interprétée. Son rappel s’est terminé par, probablement, sa reprise la plus connue,  celle de Heartbeats du groupe The Knife.

Ce fut une magnifique soirée pour un théâtre Maisonneuve plein à craquer et j’aimerais terminer en mentionnant les deux hommes assis derrière moi qui n’avaient jamais entendu José González et qui ont pris un risque en venant à l’aveugle. Si plus de personnes avaient la même curiosité que vous aviez à cette soirée-là, la culture brillerait encore plus fort qu’elle le fait déjà.

Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte

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