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HEAVY MONTREAL 2019 au PARC JEAN-DRAPEAU — Jour 1

À mon arrivée sur le site où j’étais la veille, je constate qu’il y a déjà plus de monde sur le site que pour ’77. Il n’y a pas à dire, à Montréal, le métal est une bête bien particulière et une quantité impressionnante d’amateurs répondent à l’appel et attendent le festival comme si c’était Noël. Après toutes ces éditions, on commence à reconnaître des faces parmi cette foule aux cheveux longs.

Le premier band de ma journée m’aura arraché un sourire tout au plus. Galactic Empire est un groupe de cinq gars déguisés en personnages de l’empire galactique de Star Wars. Audacieux, non ? Le plus drôle en écoutant leurs versions métalliques des classiques de John Williams composés pour l’opéra rock spatial, c’est d’observer toutes les courbettes que le groupe fait pour éviter de se faire poursuivre par Disney : logo de l’empire légèrement modifié, costumes un brin différents des véritables modèles, etc. Pour le reste, on se demande vraiment ce que Bobba Fett fout à la batterie : c’est un chasseur de prime et il n’a aucune affiliation directe avec l’Empire. Pourquoi ne pas prendre Palpatine ? Quand t’es rendu là dans tes réflexions de supra-geek, c’est le temps de passer à un autre appel.

Les choses deviennent sérieuses

Je me dirige donc vers la scène de la forêt pour voir Harm’s Way. J’ai déjà vu les petits gars de Chicago aux Foufs il y a quelques années et James Pligge, le chanteur, était déjà une belle grosse pièce d’homme. Il ressemble désormais à Arnold Schwarzenegger à l’époque de Pumping Iron. C’est à croire qu’il a un gym direct dans son autobus de tournée. Mais bon, au-delà des considérations physiques, le hardcore straight-edge très brutal de Harm’s Way est résolument le premier show digne d’intérêt du jour.

Je repars avant la fin pour attraper la seconde moitié du set de Fever333. Quand j’écoute la musique de ce band-là, je reconnais beaucoup les influences de Korn et Linkin’ Park mettons. Ce n’est pas trop ma tasse de Monster Energy Drink, mettons. Cependant, les gars sont de véritables bêtes de scène et avant la fin du show, leur guitariste joue en Speedo sur la clôture de la grande terrasse VIP pendant que leur chanteur grimpe sur les échafaudages de la scène comme un Eddie Vedder dans la fraîche vingtaine. Un excellent divertissement qui te colle un gros sourire au milieu de la face.

Saveur locale

C’est ensuite le moment québécois du jour alors qu’Anonymus et Kataklysm se succèdent sur les deux grosses scènes. Je les ai vus ensemble ou séparément à tellement d’occasions que je sais exactement de quoi il en retourne. Ces gars-là méritent tous leurs réputations de groupes solides et ils gardent la flamme vivante, comme on dit en anglais.

Ma curiosité a le dessus sur moi et je retourne à la scène de la forêt pour voir la proposition acoustique de Devin Townsend, leader de feu Strapping Young Lad et artiste solo prolifique. Malheureusement, il peine à intéresser la foule et c’est plutôt déprimant de le voir se débattre tout seul avec sa guitare en essayant de bien rendre ses chansons qui sont plutôt complexes et gagnent à être jouées avec un band complet. Je me désintéresse assez vite.

Petit pit stop à la scène du jardin pour voir Necrogoblikon. Le soleil plombe et je me dis qu’il faut que j’aille me planquer à l’ombre au moment où le gars déguisé en gobelin se présente sur la scène. Ayoye. J’imagine le taux d’humidité dans sa face pis je me console. Bon show de la part de ces amateurs de Nü-Métal. On entend beaucoup les influences de cette scène-là chez les jeunes bands. Les futurs quétaines de leur génération ? Seul le temps nous le dira.

Je prends une pause histoire de jaser avec les vieux de la vieille. Shout out à Houde et Georget de Boulevard Brutal, Christophe de rue Morgue, Klimbo du Voir, Jean-Simon Fabien et tous les autres réguliers du festival. Fin de la capsule namedropping.

Du muscle, toujours plus de muscle

Hatebreed embarque sur la scène dès 16 h 50 et le soleil insupportable de la journée commence tranquillement à être sur son déclin même s’il fait encore incroyablement chaud. Ça n’empêche pas Jamey Jasta d’être fonctionnel et de livrer la marchandise avec son hardcore motivationnel quasi aérobique. Ça fait la job.

Je quitte pour aller attraper une partie du spectacle des Cancer Bats sur la scène de la forêt. Je suis littéralement sur le côté de la scène lorsque le band joue Hail Destroyer et je me félicite de courir partout parce que c’est franchement un bon moment de la journée.

Je reviens d’ailleurs exactement à la même place pour l’intégralité du set de Municipal Waste, un des spectacles les plus puissants de la journée, sans contredit. Je passe le show à travailler sur un éventuel torticolis (aka headbanger) et à regarder Wattie des Exploited sur le party qui fait des lives sur Facebook et Instagram. On vous suggère d’ailleurs de le suivre parce que c’est hilarant et qu’il fait des selfies de boomer à l’infini (wattie_exploited sur Insta).

Le reste de la journée se divisait facilement en deux trajets. Un party pour l’amateur de hard rock à la sauce radiophonique offrant des performances de Godsmack (un tatouage de barbelés autour du biceps en musique), Evanescence (à ne pas confondre avec la marque de shampooing Herbal Essences) et Ghost (un beau show visuel, mais dont le niveau d’agressivité n’atteint que le niveau de I Was Made for Loving You de Kiss).

Sauvez mon âme

Vous aurez deviné, à ce moment-ci, que mon fidèle acolyte Jean-Darlou (Jidé pour les intimes) et moi, on a choisi l’option équivalant à une trail de Motocross dans les cactus. Jidé est arrivé juste à temps pour Municipal Waste et comme moi, il préfère son métal plus corsé. C’est donc le trio Cattle Decapitation, Watain et Dying Fetus qui s’est occupé de notre divertissement jusqu’à la fin.

Quand j’assiste à un spectacle de Cattle Decapitation, je me demande toujours comment les gars font pour se rappeler de leurs propres chansons tellement la violence est dans le tapis. Je n’écouterais jamais ce band-là chez nous parce que j’ai souvent besoin d’un minimum de mélodie. Reste qu’en show c’est super impressionnant, même si l’on ne saisit pas un traître mot de leur message contre la cruauté animale.

Quand Watain a commencé à jouer sur la scène de la forêt, on était en mode franche rigolade et ça jurait un peu beaucoup avec le sérieux du groupe de black métal suédois. À un moment donné, le chanteur a dédié une chanson aux véritables disciples du satanisme et celle-ci s’intitulait « Furor Diabolicus ». On a un peu éclaté de rire parce qu’on trouvait ça un peu intense pour l’état dans lequel on était, exaspérant au passage quelques black métalleux plus « real » que nous autres. J’ai croisé un des gars du band dans le backstage un peu plus tard et il m’a répondu par un grognement quand je l’ai félicité pour son show. Ce qui a évidemment jeté un peu d’huile sur le feu de notre rigolade.

Malgré le fait que j’en écoutais beaucoup à l’époque, je n’avais jamais vu Dying Fetus en spectacle. Je n’ai vraiment pas été déçu. C’était triggé à l’os au niveau de la batterie, mais c’était vraiment solide et brutal à souhait. Chapeau à la fille qui a passé le show à filmer pour que son chum puisse l’écouter en direct à partir de son sofa. Jusqu’ici, j’étais convaincu que l’amour était mort.

On est reparti vers l’arrière-scène juste à temps pour attraper l’interminable fin du spectacle de Ghost. Une chance que Tobias Forge sait chanter et bouger parce qu’en guise d’animateur de foule, c’est pas mal le pire dude. Il parle trop pour absolument ne rien dire d’intéressant ou d’intelligent. La mise en scène à beau torcher solide au niveau visuel, Ghost pour moi, c’est une belle enveloppe en papier parchemin scellée avec un cachet de cire. C’est beau, ça a de la classe. Le problème c’est que t’ouvres l’enveloppe pour réaliser qu’on a oublié d’y insérer du contenu. Le premier album m’avait brièvement intéressé pour son petit côté Blue Oyster Cult et en raison de leur look qui promettait un super show. J’ai déchanté direct en sortant du Corona après leur premier spectacle montréalais et je n’ai jamais rembarqué par la suite.

C’est sous les rires gras et les canettes de Coors Light que nous avons fini cette première soirée un brin trop tard en narguant un lutteur, en faisant des blagues douteuses avec Bruno de Boulevard Brutal et Eric de Warner et en essayant sans succès de voler un kart de golf. C’était plus facile en 2012, goddamnit.

Aperçu sur le site :

  • Quatre gars déguisés en Mario, Luigi, Wario et Bowser, à 40 fucking degrés
  • Deux gars habillés en g-strings avec des coats de cuir, toujours à 40 degrés
  • Une fille qui allaite son bébé de trois mois en regardant Dying Fetus
  • Wattie des Exploited, à peu près chaque fois que je tournais la tête vers la gauche
  • Une gang d’amies qui portaient toutes le même t-shirt d’Evanescence.
  • Le gobelin de Necrogoblikon sans masque.

On se revoit demain pour la suite de mes aventures.