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Francouvertes 2023 | Préliminaires – Soir 6 : Sloan Lucas, Sami, Menura et Fidès

Dans le cadre du concours-vitrine Les Francouvertes, le public avide de chansons francophones tous azimuts était de nouveau convié à une autre soirée de préliminaires. Cette fois-ci, ce sont Sloan Lucas, Sami et Menura qui avaient la tâche de séduire jury et public et c’est l’ex, Fidès, qui ouvrait la soirée avec une courte prestation.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Fidès

Originaire de Montréal-Est, Marilou Lavoie, alias Fidès, propose un hip-hop féministe et revendicateur qui traite de graves problèmes de société (exploitation sexuelle, gangstérisme, dépendances, etc.). On l’a vu et entendu lors de la 25e édition de ce concours-vitrine que nous couvrons. C’est donc elle qui avait la tâche de préparer le terrain pour les trois artistes en vedette pour cette sixième soirée de préliminaires.

Accompagnée par un beatmaker-claviériste, Fidès nous a présenté de prime abord Cendrillon. Elle a ensuite enchaîné avec Vorace et Meringue, des chansons parues sur Oasis, un disque lancé l’année dernière. Dans le cadre d’une soirée entièrement consacrée au hip-hop, les chansons à la fois engagées et ensoleillées de Fidès préparaient doucement l’arrivée des trois aspirants aux demi-finales.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Sloan Lucas

C’est Sloan Lucas qui a lancé officiellement la soirée. Alternant entre une vie artistique et militante, la rappeuse montréalaise fait preuve d’une indomptable lucidité quant à l’état des lieux dans notre « Belle Province ». L’année dernière, elle nous avait présenté un EP fort apprécié par mon collègue LP Labrèche : Oh shit sorry. On était donc assez curieux de voir l’artiste en concert.

Et on n’a pas été déçu. La rappeuse a du cran et n’a pas besoin d’en faire trop pour capter l’attention. Sa présence scénique, son débit et son timbre de voix se démarquent. Les trames minimalistes, elles, servent parfaitement les propos incisifs de l’artiste.

Au-delà de ces considérations techniques, Sloan Lucas ne craint absolument rien. Elle nous a présenté une pièce magnifiquement baveuse, intitulée Paye ta pub, qui mettait en relief le fait qu’un artiste doit obligatoirement s’occuper de son « image de marque » sur les réseaux sociaux afin de promouvoir sa carrière. Cette inutile contrainte est tournée en dérision par l’artiste qui exprime tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. Elle a conclu sa prestation avec deux pièces qu’elle a elle-même qualifiées de « dansantes ».

On a retenu une simple ligne qu’elle a déclamée dans l’une de ses chansons et qui la définit à la perfection : « Je n’ai pas besoin de testicules. J’ai déjà des couilles ». C’est l’attitude « punk » et sans fla-fla de Sloan Lucas qui nous a conquis.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Sami

Ce rappeur a participé à des soirées de slam, même s’il préfère le rap comme moyen d’expression. D’origine syrienne, Sami bonifie ses trames d’influences moyen-orientales et on perçoit chez lui une forte influence provenant du rap français.

Même si son hip-hop est consensuel, sa présence scénique, ses textes bien ficelés et son débit fluide sont supérieurs à la moyenne. On salue l’excellente idée d’utiliser des intermèdes sonores entre les chansons ce qui a permis à Sami de présenter un concert rythmé sans présentations superflues.

Dans la troisième pièce qu’il nous a offerte, il a asséné le coup de grâce à la méritocratie, un système injuste soutenu par certains chantres du néo-libéralisme économique. Dans une autre chanson, on a été impressionné par la qualité littéraire d’un texte débité en tout près de quatre langues. En conclusion de sa performance, il nous a présenté une pièce émouvante évoquant son arrivée et sa trajectoire en terre québécoise. Une leçon de courage rassembleuse qui méritera d’être entendue à travers le Québec !

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Menura

Menura, alias Nicolas Boivin, préconise une approche alternative du hip-hop. Les rythmes de ses chansons contiennent des ascendants dits « urbains » et sa voix est immergée sans ménagement dans l’Auto-Tune.

Avec six musiciens sur scène, l’aspect synthétique des pièces que l’artiste propose en enregistrement disparaît au profit de la force de frappe d’une formation hautement compétente. Musicalement, on a apprécié le solo de guitare « Nintendo » dans Zig Zag, une des deux nouvelles chansons présentées au public. La section rythmique, elle, est parfaitement soudée et les claviers d’ambiance remplissent magnifiquement l’espace sonore.

Or, après avoir entendu de bonnes chansons socialement engagées, les amourettes de Menura ont eu l’effet d’une douche froide sur l’auteur de ces lignes. C’est sans compter sur les présentations un peu trop longues de l’artiste, et plus ou moins captivantes, qui ont cassé sérieusement le rythme de la prestation.

Le public a fortement apprécié, semble-t-il. Mais pour votre humble scribe, Menura devra resserrer sa prestation scénique s’il veut mettre dans sa poche un public plus ou moins vendu à sa cause.

Palmarès

  1. Peanut Butter Sunday
  2. Jeanne Côté
  3. Héron
  4. Jeanne Laforest
  5. Brue
  6. Marie Céleste
  7. Cure-Pipe
  8. Velours Velours
  9. Reno McCarthy

Et le palmarès n’a pas bougé d’un iota ! Les artistes qui occupent les six premières places du classement sont assurés de participer aux demi-finales. On vous donne donc rendez-vous demain. Pour l’occasion, c’est l’auteur de ces lignes qui couvrira cette septième et dernière soirée de préliminaires qui mettra en vedette Emmanuelle Querry, De Flore et Parazar. Et c’est l’ex, Maude Audet, qui réchauffera le public pour les trois artistes susmentionnés.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin