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Francouvertes 2023 | Demi-finales – Soir 2: Jeanne Côté, Emmanuelle Querry, Héron et Kanen

Dans le cadre du concours-vitrine Les Francouvertes, le public avide de chansons francophones tous azimuts était convié à une deuxième soirée de demi-finales. Jeanne Côté, Emmanuelle Querry et Héron avaient la tâche de séduire jury et auditoire afin de se hisser aux trois premiers rangs donnant accès à la grande finale qui se déroulera le lundi 15 mai prochain. C’est l’ex, Kanen, qui ouvrait la soirée avec une courte prestation.

Kanen

Avec la parution récente de son album titré Mitshuap, on était curieux d’entendre en direct les chansons de cette talentueuse artiste innue de la communauté Uashat mak Mani-Utenam située sur la Côte-Nord. La finaliste de la 22e édition des Francouvertes s’est présentée sur scène escortée de l’excellent Jérémie Essiambre, alias La Faune, qui, en plus d’officier à la guitare, s’occupait également de la boîte à rythmes.

Le son assez abrasif émis par la guitare d’Essiambre et l’interprétation sentie de Kanen ont capté pleinement notre attention. Coup de chapeau à la relecture plus décapante de Nimueshtaten nete, pièce interprétée habituellement avec Louis-Jean Cormier. Kanen a conclu sa courte prestation avec Ekuan Ek(u); un autre morceau tiré de Mitshuap. Ce fut donc un excellent coup d’envoi à cette soirée. Il sera intéressant de suivre la trajectoire de cette autrice-compositrice qui ne craint pas les sonorités qui dessuintent les oreilles.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Jeanne Côté

Lors de la troisième soirée des préliminaires, l’autrice-compositrice « folk pop alternatif » avait charmé l’auteur de ces lignes par sa simplicité, son intégrité et son authenticité. Est-ce que le charisme indéfinissable que dégage Jeanne Côté sur scène a encore fait mouche ?

Après une deuxième prestation aussi impeccable, et remplie d’une assurance tranquille, on peut affirmer avec conviction que Jeanne Côté a tout ce qu’il faut pour tracer son propre chemin sur la scène musicale québécoise. Elle a démarré le concert avec l’émouvante ballade pianistique J’suis là, misant ainsi sur l’émotion plutôt que sur le dynamisme. Pari réussi pour l’auteur de ces lignes.

Elle a par la suite enchaîné avec Vent d’ouest, autre pièce tirée de son album titré Suite pour personne, paru en janvier dernier. On salue les superbes harmonies vocales en introduction. Ensuite, elle a fait la démonstration de son grand talent de « storyteller » en présentant avec un souci du détail que l’on qualifierait de « littéraire », la pièce Ouragans. Après nous avoir proposé des versions impeccables de Touché-Coulé et Y peut mouiller, Jeanne Côté et ses excellents accompagnateurs ont conclu leur prestation avec La Vague.

Rien d’autre à déclarer. On a affaire ici à une artiste fin prête à obtenir un rayonnement plus accentué. Un sans-faute.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Emmanuelle Querry

C’est la candeur et l’insouciance de cette jeune artiste originaire de Gatineau qui lui ont permis de se hisser de justesse parmi les demi-finalistes de cette 27e édition des Francouvertes. Or, la pop aux accents R&B, un peu convenue, disons-le, et la présence scénique un peu plaquée d’Emmanuelle Querry nous avaient empêché d’embarquer de plain-pied dans sa proposition.

Lors de la septième soirée des préliminaires, elle s’était présentée sur scène en compagnie d’un batteur et d’une bassiste-claviériste. Idem pour cette demi-finale. Emmanuelle et ses acolytes ont donc amorcé leur performance sur des chapeaux de roues avec une énergique version de Laisse faire, simple lancé en mars dernier. Or, avec cette sorte de bossa-nova / R&B titrée Exquis, la cadence a sérieusement ralenti… pour ne plus jamais retrouver sa vitesse de croisière.

Malgré cet éternel sourire qu’elle arbore sur scène et son admirable désir de conquérir le public, la présence scénique affectée et le manque d’assurance vocale d’Emmanuelle Querry ont plombé ses chances de se frayer une place jusqu’en finale. Cela dit, après avoir foulé la scène à la suite de la performance sans bavure de Jeanne Côté, il était ardu pour elle de se faire pleinement justice.

En fait, c’est le métier qui rentre pour Emmanuelle Querry. Tout simplement.

Crédit : Frédérique Ménard-Aubin

Héron

Dans son compte-rendu de la quatrième soirée des préliminaires, mon collègue Charles-Antoine Marcotte entendait chez Henri Kinkead, alias Héron, des accointances sonores avec la musique de Richard Séguin ou encore celle de Vincent Vallières.

Ses chansons sont bien sûr ancrées dans la tradition québécoise, mais elles sont surtout festives et pleinement assumées. En fait, Héron se réapproprie ses racines en les modernisant avec panache. Avec 5 musiciens qui l’accompagnent sur scène, dont une violoniste adepte de podorythmie, les chansons de Kinkead ont beaucoup de profondeur.

Dans la magnifique Little Boy, on a pensé autant à la formation Wilco qu’au Arcade Fire de l’album Funeral. Sur Fontaine, la conclusion nuancée fut une démonstration exhaustive du talent qui habite les instrumentistes de la formation. Dans une chanson intimiste, mettant en valeur ce beau coin gaspésien qu’est la région de Bonaventure, la même violoniste y est allée d’une sympathique gigue. Héron a conclu sa prestation avec L’hiver; morceau jubilatoire qui intègre deux chansons issues du répertoire folklorique québécois.

Kinkead et sa bande nous ont proposé une réinitialisation moderne de la musique traditionnelle québécoise. Dans cette demi-finale, Héron a fait la preuve qu’il est possible d’embrasser ses traditions sans être passéiste ou ringard. Un exploit en ce qui nous concerne.

Le classement à la suite de cette deuxième demi-finale a bougé significativement. C’est donc Héron qui s’installe au premier rang, Jeanne Côté suit derrière et la formation néo-écossaise Peanut Butter Sunday est reléguée au troisième et dernier rang donnant accès la finale.

Palmarès

1. Héron
2. Jeanne Côté
3. Peanut Butter Sunday

On vous donne de nouveau rendez-vous demain, au Lion d’Or, pour la troisième et dernière demi-finale mettant en vedette BRUE, Jeanne Laforest et Parazar.

Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin

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