FrancoFaune 2019 : du sang neuf et des surprises
Que ce soit dans les concerts ou lors des vitrines, on a rencontré de nouveaux artistes très intéressants lors des activités de vendredi et samedi.
Vendredi soir, on était invité à une soirée où des projets à saveur hip-hop et urbaine étaient à l’honneur. Il y avait d’abord Oré, cette jeune Française qui fait de la chanson pop tout en empruntant des éléments au rap. Elle a la langue déliée, la Oré! C’est impressionnant comme elle est capable de lancer ses vers avec une rapidité et une agilité hors pair. De plus, elle a du groove. On l’a retrouvée sur scène avec un batteur qui ajoutait une dose de puissance à la proposition. Elle en a profité aussi pour nous présenter de nouvelles pièces et terminer le tout sur 1000G.
Puis, c’était au tour de Choolers Division. Il faut comprendre la portée d’un projet comme celui-ci. Kostia Botkine et Philippe Marien sont atteints de trisomie. Cela les amène à s’exprimer de façon complètement différente. Ce n’est pas toujours les textes les plus percutants, mais la livraison elle est à couper le souffle. C’est un mélange de complainte et de rage qui est assez brut. Ajoutez à cela quatre musiciens qui s’affairent à construire la trame musicale et qui sont à l’écoute des deux MCs. Ils s’adaptent constamment puisque Choolers Division est ensemble organique qui se meut avec simplicité complexe. Les deux MCs n’ont pas peur d’attaquer des sujets chauds et de faire ce qui leur plaît sur scène. Et visiblement, ils y sont bien, puisqu’ils étaient très peu enclins à quitter la scène. Il a même fallu tout simplement que les musiciens coupent la musique.
Une rencontre fascinante.
Puis, ce fut au tour de Glauque de prendre la scène. On peut dire du groupe belge qu’il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Le MC et le chanteur font preuve d’une étonnante puissance et se lancent dans les mots comme un sprinteur, mais avec la nécessité de durer pour une longue course. Ça donne des moments d’essoufflements, de la rage, du mordant et franchement un résultat tout à fait réussit. Et ce concert ne s’est pas déroulé dans les meilleures conditions pour le groupe puisqu’un souci technique leur a dérobé leurs grosses basses. Et pourtant, c’était puissant quand même. Imaginez avec les basses.
Y voir clair dans les vitrines
En après-midi samedi, nous étions invités à découvrir de la relève à travers des vitrines qui présentent les artistes issus du parcours FrancoFaune. Parce qu’en plus du festival, l’organisation accompagne des artistes pour les aider à se professionnaliser et à développer leur projet. Le premier qui nous était présenté est Yolande Bashing. Il s’agit d’un projet assez intéressant avec un petit côté Nine Inch Nails, mais en plus légère et électro pop. Même s’il y a déjà là une bonne dose de pertinence, il reste du travail sur les textes et leurs livraisons à faire. La direction ne semble pas toujours claire, les rimes parfois faciles et la voix pas tout à fait placée. On sent que lorsqu’il se concentre sur la musique il est tout à fait incarné, mais ça devient plus retenu pour le chant. Somme tout, ça reste intéressant.
Puis, c’était Alek et les Japonaises. On peut dire du duo qu’ils sont divertissants en tout cas! Ils offrent une prestation enlevante où les cascades s’imbriquent entre une chanson en portugais, une autre en japonais pour finir en français. C’est multiculturel, c’est le moins qu’on puisse dire! Par contre, derrière le divertissement, les chansons, elles, demeurent à travailler. Il y a de bons flashs, mais ça manque encore un peu de contenu.
Puis, est venu mon coup de cœur du festival. Le groupe Pierres qui est l’organe musical de Pierre Leroy. On passe de chansons qui utilisent du Vocoder avec une bonne touche de dérision, à des chansons indie-rock pour finir dans des trucs à la Weezer. Je ne serais pas à dire que le projet est humoristique, mais plutôt singulier, surprenant et excitant. Leroy sait animer sa foule et se tenir sur scène. Pour vous donner un exemple du genre, il nous annonce une chanson d’amour pour sa copine qui est en première rangée et il entonne : « J’ai joui en toi ». Pas de détour, pas de gant blanc, mais de la mélodie qui fait tout pardonner. C’est franchement un projet très pertinent qu’on espère pouvoir voir à Montréal rapidement!
Puis, c’était au tour de Mclean, l’homme de Sudbury, qui a gagné le prix de l’album canadien des derniers prix Trille Or. Il a démontré qu’il sait jouer de la guitare et se débrouiller devant un public encore une fois. Il était sur place en format trio. C’était bon, mais j’aurais pris une basse de plus. My two cents. Mais sinon, c’était bien sympathique, surtout lorsqu’il se laissait aller dans des moments de guitare intense.
Finalement, c’est le duo Célénasophia qui a terminé cette longue vitrine. Les deux sœurs proposent de la chanson urbaine qui mélange les influences. Elles sont accompagnées de Jérôme Magnée (Dan San) qui ajoute des percussions. Honnêtement, il reste encore du chemin à faire. Les chansons n’ont pas réussi à venir accrocher mon oreille. C’était mélodieux, mais un peu déjà vu.
Sortir au Beurs
On a monté les interminables marches qui mènent à la magnifique salle du Beursschouwburg pour y voir Nevché, Atome, François Bijou et les Trash Croutes. En fait, je les ai montées deux fois et descendues une, parce que je voulais un café et qu’il n’y en avait pas au bar en haut… bref, j’ai passé le début de ma soirée à faire de l’exercice, ce qui n’est pas si mal, compte tenu de la quantité de bière belge qui est entrée dans mon ventre depuis le début de ce périple.
Tout ça pour dire que j’ai fini par atterrir devant Nevché qui présentait, en outre, un court métrage chanté assez magnifique merci. Nevché fait dans la chanson, mais qui tire vers le slam. Je l’avais vu, il y a deux ou trois ans, à Petite-Vallée et je peux dire qu’il était encore meilleur cette fois-ci. Il se raffine avec le temps et continue d’approfondir son talent pour jouer avec les mots. Un artiste qui est malheureusement trop peu connu de notre côté de l’océan, mais qui mériterait de l’attention médiatique.
Puis, c’était le groupe Atome qui fait dans l’électro-rock mélodieux assez champ gauche. On est dans les mêmes eaux que Moodoïd et La Femme. Si les mélodies sont souvent bonnes et efficaces, il y a dans les textes beaucoup de remplissages avec des « la la la ». On aurait pu simplement prendre de la musique et ça aurait été davantage intéressant.
Ensuite, c’était au tour de la bébitte intéressante qu’est Pierre Bijou. Jouant avec la nostalgie musicale et une bonne dose d’humour, il nous a charmés avec ses appels à la colombe (fallait y être, désolé) et ses nombreuses chorégraphies funky. Il est entouré des vétérans de la scène liégeoise et le tout rentre au poste. Il fait beaucoup penser à Gab Paquet chez nous et les deux auraient certainement de quoi discuter lors d’une éventuelle rencontre.
Finalement, pour terminer ces deux jours de festivités, c’était Les Trash Croutes. Ce quintette tout féminin reprend des succès anglophones en les traduisant et les livrant avec une bonne dose de pop. C’est drôle et divertissant, mais ça ne réinvente pas le monde. Il y avait de quoi rire à leurs reprises d’I Will Survive ou encore un vieux succès de Queen.
Ne reste plus qu’une soirée déjà en Belgique. On va essayer de terminer ça en grand.
Crédit photo: FrancoFaune