Une fois de plus, je me retrouve à l’un des espace-temps que j’aime le plus sur terre : le FME à Rouyn-Noranda. Je reviens sur ma première soirée qui a alterné entre rap et pop grandiloquente.

Maky Lavender

J’ai mis les pieds dans le Petit Théâtre du Vieux-Noranda avec un gros sourire dans le visage. J’avais très hâte de voir Cadence Weapon qui est nommé sur la courte liste du prix Polaris cette année pour l’excellent Parallel World. Avant que le Torontois prenne la scène, c’était Maky Lavender qui avait la tâche d’ouvrir cette soirée de rap éclectique. Étrangement, il est arrivé sur scène comme quelqu’un qui serait en retard avec son sac à dos. Après ce moment brouillon, il a commencé le concert un peu sur des chapeaux de roues. Puis, le groupe l’a rejoint avec un air de gars qui arrivent en retard. C’était particulier.

Heureusement, la chimie entre le groupe et Maky Lavender fonctionne, ça a sauvé un peu la donne, même si certains moments étaient approximatifs. Le choix de l’ordre des chansons est étrange aussi. Certaines chansons nécessitent le groupe et d’autres non. Quand le band est « en pause », il devient complètement passif sur scène. C’est particulier. Comme s’ils attendaient que Lavender finisse son numéro pour embarquer à nouveau. Un petit travail de mise en scène serait de mise, parce qu’autrement, musicalement, ça livre la marchandise. Après trois concerts du rappeur cet été, j’ai vraiment l’impression que c’est un manque de support de son entourage. Il a le talent, maintenant il manque juste un peu de professionnalisme pour que ça fonctionne à fond la caisse.

Cadence Weapon

Comme je le disais plus haut, j’avais très hâte de voir Cadence Weapon sur scène. La dernière fois que j’avais eu la chance de l’attraper en concert, c’était il y a quelques années. Son Parallel World, paru plus tôt cette année, lui a valu une nomination sur la courte liste du prix Polaris. Le Torontois originaire d’Edmonton a livré une solide performance qui a rappelé à quel point il est habile avec les mots et à quel point il contrôle la scène. C’est le fruit d’année de labeur qui transparaissait dans sa façon d’habiter l’espace et de livrer avec une solidité exemplaire ses pièces.

Parmi les gros moments, son simple Senna qui compte sur une trame de Jacques Greene a été un moment fort. Tout comme Unity Square, un titre modifié d’Oliver Square. Cette place à Edmonton était nommée après un Canadien qui avait été impliqué dans la création des pensionnats. On peut comprendre que la population de la ville albertaine a voulu renommer cet endroit. Dans la même mouvance, Cadence Weapon a changé le titre de sa chanson. Il a aussi fait My Crew (Wooo) qui compte sur une composition de Kaytranada. Il nous a raconté la rencontre avec Célestin au feu cabaret Underworld sur Sainte-Élizabeth qui était un endroit de rencontre pour les artistes intéressants de la métropole. Night Service a été sa dernière chanson et a terminé le tout en beauté. Un concert tout à fait réussi.

Backxwash

C’était plaisant de retrouver Backxwash au FME pour la deuxième fois en deux ans. C’est assez rare que des artistes récidivent si rapidement, mais avec un nouvel album, un amour mutuel entre l’artiste et le festival ainsi qu’une première édition qui était beaucoup plus limitée, c’était tout à fait pertinent. Ashanti Mutinta a travaillé au cours de la dernière année, pas de doutes. Sa présence scénique est encore plus imposante, elle occupe l’espace plus que jamais et le travail de visuel qui était particulièrement efficace avec les dispositifs du Petit Théâtre du Vieux-Noranda. Elle a offert un heureux mélange de ses deux derniers albums avec une ou deux incursions dans son premier album.

Parmi les moments forts, I LIE HERE BURIED WITH MY RINGS AND MY DRESSES a frappé dans le mile avec une Ada Rook virtuelle qui nous chante son refrain intense à distance. Même son de cloche du côté de SONGS OF SINNERS où Sadie Dupuis était là virtuellement. DONT COME TO THE WOODS et DEVIL IN THE MOSHPIT de DEVIANCY étaient aussi au menu, tout comme Spells, Black Magic et Into the Void de God Has Nothing to Do With This Leave Him Out of It. Elle est vraiment en pleine ascension. La question maintenant : quand y aura-t-il un groupe physiquement sur scène avec elle pour offrir un kick de plus?

Gab Paquet

La coupe Longueuil et les chemises colorées étaient de mises pour Gab Paquet qui officiait au Diable Rond une messe sensuelle marquée par des pièces d’une pop ultra efficace. Il a autant livré des pièces de son plus récent album, La force d’Éros, que de son précédent. Santa Barbara côtoyait Boulevard Tendresse et 1-800-666-SEXE avec un Gab Paquet en pleine forme qui offrait une performance tellement incarnée qu’il devait changer de chemise à chaque 3 chansons. Ces moments donnaient de la place à son groupe très solide qui pouvait prendre le devant de la scène et faire même des solos de guitare flamboyants. Je suspecte qu’il s’agissait d’un bout d’Eruption de Van Halen, mais je pourrais me tromper.

Parmi les moments impressionnants, il faut parler des élans de voix complètement surréalistes de Carte du Ciel. C’était puissant. Gab Paquet a terminé le concert sur Casio Pad et Moustache et Consommations. Évidemment, l’euphorie était semée dans la salle. Une bien belle manière de conclure cette première journée de FME!

Crédit photo: Couverture : Christian Leduc